La Commission de Libération de la Croissance Française (CLCF), présidée par Jacques ATTALI a rendu récemment son second rapport.
Ce second rapport est intitulé
« Une ambition pour dix ans,
Une mobilisation générale pour libérer la croissance
et donner un avenir aux générations futures »
C’est un rapport qui vaut le détour compte tenu du diagnostic sans concessions qu’il dresse de la situation de la France et des propositions qu’il propose.
Je reviendrai sur différents points spécifiques dans des post ultérieurs, mais je retiens d’emblée les remarques et recommandations suivantes :
Le rapport pointe deux urgences qu’il semble bien difficile d’ignorer, ou même de sous estimer !
Le rapport nous invite à concilier obligations de court terme et de long terme.
Il propose, dans cette perspective, des recommandations consistant à agir immédiatement dans le but d’une sortie durable de la crise et de la croissance molle qui pèse sur les générations présentes sans rien garantir de meilleur pour les générations futures.
Diagnostic
DEUX URGENCES :
LE DÉSENDETTEMENT ET L’EMPLOI
PREMIÈRE URGENCE :
REGAGNER LA MAÎTRISE DE NOS FINANCES PUBLIQUES, SOCLE DE LA CROISSANCE
1. RAMENER RAPIDEMENT LE DÉFICIT PUBLIC À 3% DU PIB
2. MENER SUR DIX ANS UNE TRANSFORMATION EN PROFONDEUR DES ADMINISTRATIONS ET DES POLITIQUES PUBLIQUES
3. FAIRE DE L’EUROPE UN RELAIS DE NOTRE STRATÉGIE DE DÉSENDETTEMENT ET DE CROISSANCE
SECONDE URGENCE :
STIMULER LA COMPÉTITIVITÉ ET L’EMPLOI ET REDONNER UN AVENIR AUX JEUNES
1. METTRE EN PLACE UNE « FLEXISÉCURITÉ À LA FRANÇAISE »
2. RENFORCER LA COMPÉTITIVITÉ POUR DÉVELOPPER L’EMPLOI
Que faire ?
PRÉPARER LA CROISSANCE DE DEMAIN :
ASSURER À NOS ENFANTS UNE ÉDUCATION ET UN ENVIRONNEMENT DE QUALITÉ
PREMIER CHANTIER DE LONG TERME : GARANTIR LA QUALITÉ DE L’ÉDUCATION
DE TOUS NOS ENFANTS, DE LA MATERNELLE À L’UNIVERSITÉ
SECOND CHANTIER DE LONG TERME : PRÉSERVER L’ENVIRONNEMENT
ET GÉRER LES RESSOURCES RARES
Quelques commentaires personnels
Il ne faut pas réduire la maitrise des fiances publiques à la cure d’austérité
Cela revient à caricaturer le message du rapport
En ce qui concerne le diagnostic, je suis toujours surpris par ceux qui minimisent les effets pervers d’un endettement public en hausse permanente depuis une trentaine d’années, d’autant plus que cette situation est partagée par de nombreux autre pays.
Comment peut-on minimiser les risques inhérents à une situation qui pourrait conduire de nombreux détenteurs de titres de dette publique à s’en débarrasser avec tout ce que cela peut impliquer.
Il n’est nul besoin d’être ultralibéral ou ultra orthodoxe pour comprendre cela, sans pour autant valider ab initio le scenario catastrophe.
Quant à ceux qui ne se contentent pas seulement de minimiser ce problème de finances publiques, mais qui tout simplement souhaitent l’ignorer, je ne préfère même pas en parler…
Ne voir dans la maitrise des finances publiques qu’une cure d’austérité est tellement réducteur que je ne vois pas comment on peut argumenter face une position aussi extrême.
De manière analogue, il me parait assez incompréhensible de nier la complémentarité entre compétitivité et emploi dans une économie ouverte. Par définition, l’ouverture aux échanges avec le reste du monde crée des interdépendances qu’il parait bien délicat de sous estimer. Cela présente dés avantages mais cela crée des contraintes.
On ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre.
Il y a aussi le rejet de la croissance économique comme source de progrès, et par là même du capitalisme comme aiguillon de l’innovation et de l’économie de marché qui via les échanges qu’elle permet contribue avec le capitalisme au progrès humains.
Faut-il rejeter la croissance au prétexte que le modèle de croissance qui fut et qui est encore le notre a causé de nombreux dégâts environnementaux, s’est accompagné du creusement de certaines inégalités, …, au point d’ignorer tous les progrès dont il est porteur ?
Il y a encore une fois un tel excès dans cette attitude consistant à rejeter en bloc un système que je ne peux raisonnablement partager.
Au fil des lectures que j’ai pu faire depuis des années, pour le dire communément qu’il s’agisse d’écrits orthodoxes ou hétérodoxes, il me parait tout à fait possible et probable de promouvoir une croissance qui soit plus respectueuse de l’environnement et qui permette le développement (au sens d’amélioration qualitative) des niveaux de vie des générations présentes et des générations futures.
Dans ce cadre, les grandes lignes directrices proposées par le rapport pour construire l’avenir me paraissent tout à fait crédibles.
Enfin, le rapport pose clairement le problème du courage des dirigeants politiques, de tous les bords, lorsqu’il s’agit de faire des réformes. Certes, la difficulté et le recul ne leur incombent pas complètement car les agitateurs d’idées reçues et d’arguments fallacieux (syndicats et partis d’extrêmes) ont une lourde responsabilité dans les échecs des diverses tentatives de réformes menées depuis trois décennies.
Il conviendra de revenir, autant que possible, sur la faisabilité et les conditions de celle-ci dans de prochains billets.
Le rapport de la Commission de Libération de la Croissance Française est disponible au téléchargement sur ce lien.
ou ici :
http://www.attali.com/ecrits/rapports/commission-de-liberation-de-la-croissance-francaise-3
A lire aussi un court article de Jacques ATTALI
« Si on parlait de la commission sur la croissance »
Le site de Jacques ATTALI
http://www.attali.com/