"L'existence précède l'essence"

Publié le 24 octobre 2010 par Hermes

Quand comprendrons-nous enfin que ce qui est imprévisible écrit plus sûrement l’histoire que l’encre de nos plumitifs politologues ?
Ainsi tout semblait écrit d’avance : le feuilleton de la réforme des retraites, en supposant quelques dommages collatéraux tels que sa propagation jusqu’aux jeunes, ne saurait excéder, au pire, les vacances de la Toussaint. Une période d’amnésie entre famille et humeur automnale, et, hop, un petit remaniement pour solde de tout compte. Fin de l’épisode.
Ainsi la boucle était bouclée, bouclez la, on est passé à autre chose.
Eh bien non. C’est le pouvoir qui est en vacances. Grand coup de pompe et, pour, l’automobiliste, pompes vides. Grand écart philosophique entre les élites et le peuple avec cette phrase prémonitoire du regretté Sartre: « l’existence précède l’essence ».
Et l’existence, elle frétille, se tortille, s’émoustille et les sens se libèrent dans les délicieux méandres du possible.
Et ce couvercle qui ne cédait pas, on sait désormais que s’il tient encore, il est secoué par cette vapeur que rien plus contenir. On comprend qu’il ne cache plus rien, ni l’injustice d’une réforme, ni, du point de vue de la morale politique, la manière authentiquement fasciste de manipuler la justice en faisant taire un juge trop dangereux par la décision d’un ami de Sarkozy nommé procureur.
Fascisme ? Oui. De façon évidente, plus même masquée. Lisez la presse étrangère. Répression, manipulation, flics déguisés en casseurs, presse baillonnée...
Alors maintenant ?
Récemment j’évoquais « La guerre et la paix », lecture dans laquelle je me trouve encore: Le fond historique est cette avancée irrésistible de Napoléon jusqu’à Moscou, jusqu’à cette déliquescence, non pas du fait de l’ennemi et d’une stratégie habile, mais plutôt comme conséquence d’une démesure qui voulait que tout fût écrit parce que le sens de l’histoire, la raison, imposait à l’empereur la victoire quand des marécages glacés et des partisans isolés venus de partout et de nulle part vinrent à bout de la grande armée, non pas par un combat frontal mais par harcèlement constant et déréliction de cette épopée dont la grandeur s'illusionnait dans le grossissement d'un miroir...
Nous y sommes.
Il est probable que Sarkozy ne pliera pas mais, dans le même temps, une forme de guérilla larvée continuera à saper son règne. De telle sorte que les divergences dans son camp seront de plus en plus fortes, surtout si Borloo se retrouvait à la tête du gouvernement. Peu sérieux, pure girouette médiatique, celui-ci se trouverait coincé entre une droite dure et une gauche dont jamais il ne partagera les valeurs.
L'hiver sera long. La réforme des retraites prélude à la retraite de Russie? Nous allons rire…