Défense anti-missile

Je continue de préparer mon intervention pour le colloque du 15 novembre, ce qui me permet de mettre à jour mes connaissances sur la Défense antimissile balistique (DAMB).

Il convient dès à présent de lever plusieurs faux-semblants qui polluent le débat sur l'antimissile.

1. la prolifération actuelle la plus menaçante ne tient pas aux armes à effet de masse, (NRBC) mais aux développement de missiles balistiques : on est passé de l'évolution des vieux SCUD à des engins beaucoup plus évolués, et surtout indigénéisés; les portées se sont allongées, passant des SRBM et MRBM à la nouvelle frontière actuelle des IRBM (intermédiaires : 3000 Km de portée).
2. cette prolifération obéit à une logique stratégique de contournement : puisque les occidentaux détiennent la suprématie aérienne, les missiles permettent de contourner cette suprématie.
3. qu'on mette des charges de différente nature (conventionnelle, radiologique ou autre) sur ces missiles est un autre problème : il n'est pas forcé que la charge soit forcément nucléaire, et entre donc dans le champ de la dissuasion.
4. dès lors, il y a une sorte de possible contournement par le bas de la dissuasion nucléaire. Cela justifierait, au moins en théorie stratégique, la complémentarité de la DAMB et de la dissuasion. La dissuasion répond à une menace grand style (la menace soviétique de l'après-guerre), la DAMB répond à autre chose : il y a donc peut-être place pour une coopération avec la Russie...
5. enfin, la DAMB pâtit en Europe du souvenir de la guerre des étoiles (l'IDS) lancée par Ronald Reagan : nous en avons conservé le souvenir que "c'est une réponse qui ne marche pas à une menace qui n'existe pas". Force est de constater qu'aujourd'hui la menace existe ; et que si la réponse ne marche pas encore totalement aujourd'hui, elle est tout de même beaucoup plus effective qu'il y a trente ans.

Autant dire qu'il y a un réel besoin de sortir des discours dogmatiques qu'on entend encore trop souvent.

Réf : on lira le billet de jgp ici.

O. Kempf