LE FOSBURY FLOP, UNE INNOVATION OU UNE CREATION ?
A VOUS DE JUGER…
Un peu d’histoire…
Au vingtième siècle, le saut en hauteur évolue.
Les instances
internationales souhaitent développer une épreuve qui ne soit pas un numéro
d’acrobates…
Le règlement interdit non seulement de prendre son appel à pieds joints mais aussi de passer la tête en premier au dessus de la barre.
A partir du saut en ciseau, on va décliner de nombreuses variantes.
On se rappelle,
tout particulièrement, en 1895, le ciseau à retournement
intérieur de
Michael SWEENEY qui prenait son élan en courbe et engageait
son genou libre fléchi.
Une façon de sauter qui n'est pas sans rappeler ce
que Dick FOSBURY développera soixante ans plus tard.
Mais on pourrait tout aussi bien comparer les techniques de LEWDEN, de SHELLENZ ou de
GESPAR.
Le ciseau règne en maître mais pas pour longtemps.
En 1912, Georges
HORINE franchit la barre symbolique des deux mètres en décalant
légèrement son élan sur le côté et en exécutant un saut dans lequel il
esquive latéralement ses jambes.
Il crée le saut costal aussi appelé « Rouleau
Californien ».
En 1940, Lester STEERS modifie le franchissement du costal et saute
en « Rouleau Ventral » et place le record du Monde à 2,11 m.
Cette nouvelle
technique ouvre une voie qui permettra bientôt de survoler les 2,20 m et plus
encore, à Valéry BRUMEL d'atteindre les portes des 2,30 m en réalisant 2,28
m au début des années 60 !
C'est l’américain Dwigth STONES
qui réussira
l'exploit
des 2,30 m en
1973.
Cette dernière performance attire d’autant plus l’attention qu’elle est
réalisée en Fosbury Flop.
Une idée, un homme, un peu de chance…
"Le maître nous faisait sauter en ciseau avec un élan rectiligne et
oblique par rapport au plan de la barre.
En attendant notre tour nous ne
respections pas la marque de départ qu'on nous avait fixée.
Plus la séance
avançait, de trépignements en bousculades, plus nous nous retrouvions
décalés vers le centre de l'aire de saut.
Nous sautions avec un élan en forme
de J.
Je me sentais bien sur cette trajectoire.
Je l'ai toujours conservée.
J'étais un garçon tout à fait moyen en athlétisme, je savais que je
n'étais ni rapide, ni puissant.
Il fallait donc que je convertisse toute ma
vitesse horizontale en vitesse verticale.
Instinctivement, j'ai supprimé tout
blocage à l'appel.
J'ai fait de mes manques des qualités.
Puis, au lycée, on a
essayé de me faire sauter en ventral : je n'y arrivais pas.
Comme mes mauvaises
performances allaient me faire perdre mes avantages scolaires, j'ai décidé de
resauter en ciseau.
J'ai eu raison, j'ai battu mon record…
Pour grignoter
quelques centimètres, j'ai essayé de sortir mes hanches pendant le
franchissement.
J'ai remarqué que plus mon bassin s'élevait, plus mes épaules
descendaient; par ce système, mon record s'est amélioré de quinze
centimètres!
J'ai donc décidé de travailler dans cette direction.
A ce stade
de perfectionnement, mon style avait un défaut : mes épaules restaient en
arrière, vu de dessus, mon buste croisait la barre avec un angle de 45°.
J'ai
mis deux ans pour trouver la solution à ce problème.
Il me fallait tirer mon
épaule droite vers le haut et vers l'avant pendant l'impulsion.
Dès ce moment,
le tronc s'est placé perpendiculairement au plan vertical de la barre.
Au début, Bernie WAGNER, mon conseiller, était opposé à ce style
mais au fur et à mesure, voyant que je progressais, il m’encouragea dans
cette voie et me construit des programmes adaptés à ma nouvelle façon de
sauter".
Dick FOSBURY (il est pied d'appel droit.)
Continuer à améliorer le Flop, imaginer une autre façon de sauter ?
Par certains aspects, l’histoire du saut en hauteur rappelle celle de la
conquête spatiale.
A une autre échelle, c’est le même état d’esprit qui anime
les uns et les autres.
Les hommes se passionnent à chercher pour tenter de
réaliser l’impossible.
Le FOSBURY FLOP
aurait pu, de toute évidence,
apparaître dès le début du vingtième siècle si la règle interdisant aux
sauteurs d’engager la tête en premier au dessus de l’obstacle n'avait
pas
limitée
leurs initiatives.
La règle fut
modifiée en 1938.
Mais l’absence de
fosses de réception molles n'aurait pas permis de pousser l'innovation
jusqu'au bout.
Il faudra attendre les années 60 pour que les premiers blocs
en mousse fassent leur apparition.
A ses débuts, Dick FOSBURY se
réceptionnait encore sur des copeaux de bois !
C’est pour cette raison qu'il
tombait à plat dos et non sur la nuque comme on le fait actuellement.
L’épopée du saut en hauteur est riche en innovations et dans la
majorité des cas, c’est le saut en hauteur masculin qui est à la source des
différentes avancées.
En revanche, les plus beaux gestes techniques sont
souvent réalisés par les femmes.
Pour être efficace, elles compensent leur
manque de puissance par un geste parfait.
Aujourd’hui le Fosbury Flop est roi et il est difficilement imaginable
qu’une technique nouvelle fasse son apparition.
Pourtant, nous sommes
persuadés que le Fosbury Flop n’a pas encore livré tous ses secrets…
Bibliographie
Le vrai et beau Thierry Blancon ...
PARIENTé (R.), La fabuleuse histoire de l’athlétisme, O.D.I.L., 1979.
BLANCON (T.), 1995, Un homme sur le dos, Revue AEFA n139.
BLANCON (T.), l'entraînement de Dick Fosbury, in revue AEFA, n°140.
AUBERT (F.), BLANCON (T.), LEVICQ (S.) Les sauts, collection De l’école
aux associations, édition revue EPS, 2004.
BLANCON (T.), Saut en Hauteur, Fosbury, collection Cahier des Sports,
édition revue EPS, 1997.
Encore Merci à Thierry Blancon ...
Allez, au plaisir de vous lire...