Vrac x 5

Publié le 24 octobre 2010 par Karedig @Karedig_GA
 

 
I. Rien
Samedi alangui. Après une semaine de travail chargée j'avais décidé de ce jour de relâche où ne rien faire du tout est un cadeau. Nul ennui dans cette lenteur d'un jour vide, juste la sensation étrange et vaguement coupable de laisser filer le temps. J'écoute en boucle de nouvelles acquisitions musicales du prêtre roux (RV 82 et RV 100). Je regarde le ciel gris à travers la fenêtre et en contrebas les gens qui se pressent. La journée se termine sans même qu'elle ait commencé en quoi que ce soit. Demain il sera temps de me presser à mon tour et de maugréer pour avoir perdu du temps.
II. Vérité vraie
En picorant ça et là des infos sur le net, je m'amuse ou m'étonne de la vitesse à laquelle les erreurs ou les approximations circulent. Chacun pourtant jure la main sur le cœur qu'il fait une confiance mesurée à ce qu'il lit et qu'il se méfie des bobards comme de la peste, cela n'empêche nullement chacun dans un même élan de commenter ou de reproduire sur son blog les propos d'autrui. Cette curieuse information par exemple, concernant de multiples défenestrations dans les Yvelines par un groupe de gens qui auraient assisté à une séance de spiritisme et se seraient jetés dans le vide en croyant avoir vu le diable en personne. Vingt quatre heures après il n'est plus question de spiritisme et de diable, ni même de défenestration, une altercation et la tentative d'escalader un mur pour sortir. Mais pendant ce laps de temps le café du commerce a longuement disserté sur le fait religieux, le fanatisme, les africains, l'embrigadement des enfants et bien d'autres choses encore.
III. Copier-coller
Une dépêche AFP consacrée aux caisses de solidarité pendant les grèves interroge une mystérieuse madame Carvat de la CFDT. Le journaliste était un peu dur d'oreille et a francisé le nom (iranien) d'Anousheh Karvar, trésorière de la dite confédération. Cette amusante transposition ne prête guère à conséquence. Elle permet de se rendre compte que les sites de presse en ligne font peu de travail en remâchant les dépêches, et ont offert ainsi la postérité de site en site à l'imaginaire madame Carvat.
IV. Vieillir
Mes parents avançant en âge, les ennuis de santé se font plus inquiétants et répétés. Je n'ai jamais su être réconfortant pour les ennuis des autres, pas par manque d'empathie, par incapacité à trouver les mots justes. Ma mère au téléphone raconte des banalités, mais sa voix légèrement trémulante trahit une envie de pleurer. Je devrais luis dire que ça va aller, mais je ne le puis puisque nous savons, l'un et l'autre, que le pire reste à venir. Alors je parle moi aussi de tout et de rien, du temps qu'il fait, et je m'en veux d'une telle conversation dont personne n'est dupe.
V. Séduction
Je n'avais pas fait attention à ce garçon, serveur dans un bar de quartier où je ne vais jamais. Pourtant j'ai bien fini par me rendre compte de l'insistance de son regard lorsque je passe devant sa terrasse, vaguement flatté de cet intérêt. Désormais il me dit bonjour quand je passe, alors que nous ne nous connaissons pas. Pas encore...