Quand on pense à la thématique « prison » dans le paysage audiovisuel américain, les dernières années sont fortement marquées par le mastodonte Prison Break, 4 saisons et des millions de fans. Et bien que la qualité ait été fort déclinante au fur et à mesure du show, son créateur Paul Scheuring semble être devenu monsieur « es » prison. D’où sa présence à la barre de ce remake du suffoquant film d’Oliver Hirschbiegel datant de 2001.
The Experience démarre comme le précédent, par le recrutement de quelques dizaines de personnes pour un test grandeur nature dont les conditions sont limpides : quinze jours en autarcie totale dans un décor de prison, la moitié du groupe étant les gardiens, l’autre moitié les prisonniers. On pose les bases rapidement et sans ambiguïté. Reste l’éternel aléa, l’attitude des « joueurs » en condition réelle face aux pressions et aux actes de chacun. Forcément, ça dérape et voilà les gentils cobayes se transformant en dangereux psychopathes ou cerbères de service. Chassez le naturel, il revient au galop. Et là dessus, Scheuring y va clairement aussi. Générique sur fond de savane, dialogues sur la noirceur et la bestialité de l’âme humaine. L’homme est un loup pour l’homme, et l’Expérience démontre qu’il n’en faut pas beaucoup pour transformer un gentil humanitaire de gauche en prédateur capable de violences et de vengeance. Bilan terrible.
Forcément, Scheuring livre une version dénuée de grande noirceur. Voir de grandes ambitions. Il est étonnant de voir que le film s’enfonce lentement dans une déchéance attendue (l’expérience virant à la folie totale et aux tortures les plus infames), porté en ça par de formidables acteurs (Brody et Whitaker dans le même film!), mais que l’histoire s’arrête étrangement en milieu de chemin, là où l’original partait en anarchie totale au bout d’un moment. Sans trop de mystères, sans trop jouer sur les effets, Scheuring signe un remake polissé, maîtrisé mais non abouti. Ainsi, avec une surprise réelle, les évènements s’arrêtent d’eux mêmes pour des dernières minutes de retour à la civilisation qui laissent planer le doute sur ce qui aurait pu réellement arriver. Un « What If.. » sur la violence humaine, bardé de connexion au monde animal, qui n’a malheureusement pas assez de liberté pour s’exprimer. Voici donc une expérience bien douloureuse, celle de voir un scénario sans doute amputé de ses réelles parties (ouch..), pour une livraison express en salles (aux USA), voir en vidéo (ailleurs)… Un syndrome qui devient un peu trop commun en ce moment.