Certains le trouvaient mièvre en ces années surréalistes où les auteurs ne plaisantaient pas avec l’audace sous la férule du pape Breton. La guerre survient : le « pape » file aux Etats-Unis. Paul Eluard reste en France, résiste, met son art au service de la Liberté – « J’écris ton nom… J’écris ton nom ». “Le temps est venu, disait-il dès 1936, où les poètes ont le droit et le devoir de soutenir qu’ils sont profondément enfoncés dans la vie des autres hommes, dans la vie commune.” Ainsi, à l’épreuve de la guerre, l’auteur de Capitale de la douleur devient celui de Poésie et vérité et du Rendez-vous allemand. On voit pourtant que son Gabriel Péri, hommage posthume au journaliste communiste fusillé par l’Occupant en 1941, a les accents moins d’un hymne héroïque que d’une petite chanson de vie. Oh ! que j’aime cet espoir insolent de croire encore à la “gentillesse” au bout de la fureur.
Arion
Paul Eluard, Au Rendez-vous allemand , 1944