- « De la mondaine ??!!?? tu déconnes Antoine, moi depuis les brigades du tigre, je me demande bien où sont passées les gazelles ! »
- « Ferme ta gueule je te dis, là on donne dans le troupeau de hyènes, c’est folklo leur histoire, bouge pas je te raconte... »
Dans le temps, y’a peut être 3 ans de ça, je faisais dans le safari urbain. Je chassais sur la toile mais j’y entravais peau de zobi, la chasse pour moi c’était surtout le truc qu’on actionne dans les chiottes, tu vois un peu… Je me suis mis à sillonner les autoroutes de l’information, et puis, au détour d’un raccourci, je me suis vu partir de rien pour arriver nulle part. Au début, crois moi, c’était la proie et la bannière, t’avais de tout et de rien, enfin, je me suis surtout fait un tour de rien. Fallait se faire sa place au soleil de Satan, des malins t’en avais à tous les coins de rut, et à la comète t’avais surtout de la queue…
Alors que j’étais sur le point de raccrocher, chasse Shalom et Miss clonée ça va bien trente secondes mais ça fatigue relativement vite, je me suis vu débarquer un connard boiteux de tout premier choix. Plus rien à foutre de savoir s’il fallait prendre, ou pas, les enfants du bon Dieu pour des connards sauvages. Je tenais enfin ma rencontre du troisième trip.
Ce mec prétendait avoir une technique de chasse révolutionnaire, tuer ses proies à coup de mots soi-disant bien balancés. Didier, c’était son petit nom, pareil que le clébard dans le film de Chabat, sauf que mon Didier à moi se transformait en documentaire genre nationaliste géographique. . Son passe-temps favori était livresque des grands fions. Il se pensait érudit, et alors ??!!??, moi aussi je connaissais érudit Völler !!! Il parlait d’ouvrages en y mettant tout son coeur là où moi je revoyais des ouvrages sur lesquels j’avais laissé ma sueur ! Dans son patelin, on l’adulait, pasteurisé bien sûr même si enragé de première. Il s’était fait un devoir de ne chasser que la racaille, drôle de volatile que ce Didier. Tous les chemins mènent aux Roms éructait-il dans un français parfait, quoiqu’en fouinant un peu, je me suis vite aperçu que son français devenait vite imparfait, voire subjectif fort peu présent. En fait, il était plutôt échasses, prêche, immature et surtout traditions. La terre, la sienne, celle de ses ancêtres, celle qu’on ne partage pas, qu’on n’offre pas, qui n’ouvre aucun droit du sol et encore moi du sang. Lui aimait tisser, mais surtout pas métisser, sa toile d’araignée qu’il avait au plafond, et chez lui le plafond était relativement bas, je comprends mieux maintenant pourquoi ça ne volait pas bien haut ! Et puis je me suis lassé, les sentiments toujours les mêmes, la technique éculée, l’approche foireuse. Ce bourreau de bitume, battant le pavé sans même se demander s’il y avait au moins la plage dessous, était devenu pathétique dans sa folie ordinaire. Ses années fioles auront fini par lui embrumer définitivement le cerveau, et sur ce quai des brunes la chemise semble désormais le ravir…
Tu vois ce gars qui se marie là, c’est lui, le chasseur blanc, le chantre du white power, le Zébulon du ménage enchanté. Regarde le bien parce que c’est un gonze comme ça, qui un jour, te plantera un Cousteau dans le dos, son monde du silence n’étant que cacophonie néo-nationaliste.
Au loin, le curé qui l’a à la bonne, enchaîne la sentence immuable…
- « Bidule, acceptez-vous de prendre pour ripou, Didier, ici présent ?«
Viens on va boire un coup de rouge, ici l’air devient irrespirable…ami entends-tu les cris sourds du papy qu’on enchaîne ?