Je dois être un tantinet masochiste et imbu de ma personne pour disséquer le travail des confrères, mais bon il paraît qu'Internet favorise la libre expression, que la critique fait avancer... Je prends donc le risque d'exprimer mon scepticisme quant à l'intérêt de Voxpop, nouveau magazine musical qui avait pourtant tout pour me séduire : une maquette épurée et plutôt classe, un joli support qui donne envie de poser ses doigts (propres) partout, de belles photos (originales, le plus clair du temps), un certain pedigree (le rédac-chef est Jean-Vic Chapus, lisible chez l'inégal Rock & Folk et, surtout, déjà aux commandes de Newcomer, que je n'ai jamais lu mais dont les mérites ont été vantés bien des fois) et surtout une approche différente du reste de la presse spécialisée, plus thématique et en théorie plus approfondie. En effet, en décidant de totalement parquer les chroniques sur son site web, le mag déroule le tapis rouge pour des interviews denses, des dossiers transversaux, bref du contenu, du vrai, poilu et tout.
Problème, si l'on en dénombre une poignée de ces écrits fournis, ceux-ci ne suffisent pas à caler le magazinophage que je suis, particulièrement en raison de choix de sujets... hum... discutables. Entre les coups de projecteurs sur ceux que beaucoup conchient dont on se demande s'ils sont sincères ou une technique pour se démarquer (Alizée, Julien Doré, Dick Rivers) ; les articles qui oublient d'être critiques (comme celui sur le camp d'entraînement pour rockeuses, limite promotionnel) ou trop superficiels (la musique dans Second Life,le nouveau Cat Power en une demi-page de texte et une photo d'une page et demi) ; les petits papiers tendances (sex toy lapinoïde, vin en brique) ou futiles (l'horoscope de truc-muche, l'avis de machin sur les problèmes politiques de son pays) qui terrassent la bonne volonté ; les intervenants relativement extérieurs au monde de la musique dont les propos relèvent un peu trop souvent du nombrilisme ou de la plus simple fan attitude (un député PS, un artiste contemporain, un styliste, Patrick Eudeline à propos de la double-manche, heureusement plus intéressant quand il parle que quand il fait de la musique) et les pages qui font se lever les sourcils avec incompréhension (focus sur un transformiste de l'ami Michou, oui bon mais encore), il ne reste plus grand chose à se mettre sous la dent. Si j'étais vraiment de mauvaise foi, je dirais que j'ai parfois eu l'impression de lire Blast.
Dommage quand on voit que les plumes débauchées/embauchées ne sont pas nées de la dernière pluie, que le ton semble plutôt libre et les avis esthétiques suffisamment tranchés pour ne pas faire de Voxpop un canard tiède et que certaines rubriques sortent franchement du lot (l'interview d'NTM en tête). Je n'ai peut-être pas saisi la volonté qui anime l'équipe, je suis possiblement un éternel insatisfait, un affreux jojo qui ferait bien mieux de pondre ce qu'il a envie de lire plutôt que de tailler les autres ou alors, ce dont il y est question n'est peut-être tout simplement pas ma tasse de thé. Toujours est-il que Voxpop et moi ne sommes apparement pas faits l'un pour l'autre, ce qui ne m'empêchera pas de souhaiter bon vent à cette publication qui a le mérite de vouloir être différente.
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Verdict du Père Siffleur
et demi