Roman - 120 pages
Editions Albin Michel - juin 1997
Editions Poche Folio - octobre 2001
De la vie aventurière de ce sériciculteur, Alessandro Baricco en fait une fable raffinée, un roman court, en y mettant beaucoup de musicalité, de mystère et de transports...Comme disaient Anne-Sophie et Laëtitia, en plongeant dans cette histoire et cet univers, j'ai immédiatement repensé à Opium, de Maxence Fermine (édité ensuite, en 2002). Extrême-Orient, ressource convoitée, trafic mondain, femme mystérieuse, poésie, on retrouve tout cela.Années 1860. Hervé Joncour, marié, vit dans un village du sud-ouest de la France, à Lavilledieu. Travaillant pour l'industrie de la soie, il est sollicité, pour surmonter le désastre engendré par les vers à soie malades, de se rendre au Japon afin d'en ramener des oeufs sains. C'est l'unique contrée au monde où il est encore possible d'en trouver, mais c'est aussi un pays très fermé aux étrangers. Hervé Joncour effectuera ce long voyage, à plusieurs reprises. Sur place, il rencontre le seigneur Hara Kei et sa jeune maîtresse aux traits occidentaux, cette femme qui le fascine, encourageante et innaccessible. Un jour alors qu'il est sur le point de repartir pour l'Europe elle lui remet quelques idéogrammes sur une feuille de papier, mots qu'il lui faudra traduire à son retour en France, et qui le feront repartir. Mais le Japon est en état de guerre et il lui sera dorénavant très compliqué de ramener des vers...
Extrait :"Hervé Joncour sentit l'eau couler sur son corps, d'abord sur ses jambes, puis le long de ses bras, et sur sa poitrine. De l'eau comme de l'huile. Et un étrange silence, tout autour. Il sentit la légèreté d'un voile de soie venir se poser sur lui. Et les mains d'une femme - d'une femme - qui l'essuyaient en caressant sa peau, partout : ces mains, et cette étoffe tissée de rien. Pas un instant il ne bougea, pas même quand il sentit les mains remonter de ses épaules à son cou, et les doigts - la soie, les doigts - monter jusqu'à ses lèvres, les effleurer, une fois, lentement, puis disparaître."L'auteur de Soie aime, semble-t-il, s'amuser et user des mots et des phrases sans crainte d'alourdir le texte en les répétant à l'identique. Et ça n'alourdit pas, et on y prend goût parce que le dosage de cette petite musique est exquis. Je me suis donc délectée de cette fable qui se lit avec légèreté, séduite par sa subtilité et sa sensualité, avec de plus une intrigue qui tiendra jusqu'à l'ultime page. Ravie d'avoir fait connaissance avec le chouchou de Laëtitia, ce bel italien qui n'a pas manqué non plus de séduire Allie, Celinevixen, Lilly, Papillon, et tant d'autres....
Sachez que le tournage de Soie au Japon est déjà achevé et que le film est sorti au Québec.