Lorsque l'on commence à se poser la question de savoir si un mouvement social ou populaire a autant ou plus de légitimité qu'un pouvoir élu, c'est que l'on est pas très loin d'un affaiblissement du régime en place.
Si le pouvoir peut sortir vainqueur du bras de fer qui l'oppose aux syndicats et à des millions de Français, sur le sujet de la réforme des retraites, il ne sortira pas indemne des mois d'affrontement et du refus total d'entendre la voix des syndicats, dans le but d'ouvrir de vraies négociations, afin de faire de cette réforme, attendue par nos concitoyens, une réforme juste, équitable et efficace.
Dans toute démocratie moderne, le pouvoir politique travaille d'une façon régulière avec les partenaires sociaux, car il sait que de cette collaboration naîtra le consensus, sans lequel, ses propositions de réformes sociales ne sauraient être acceptées par l'opinion.
Il ne s'agit donc pas, comme l'ont fait Nicolas Sarkozy et son ministre Eric Woerth, de convoquer les organisations syndicales pour les laisser exposer leurs propositions et en fin de parcours, n'en tenir aucun compte.
Il ne faut donc pas s'étonner qu'à mépriser de cette sorte la légitimité sociale, qui est, elle aussi, issue des urnes, on voit celle-ci se déplacer dans la rue.
Mais la démocratie française est-elle moderne ? La réforme constitutionnelle de 2008 en renforçant le caractère présidentiel de la Veme République n'a pas donné à celle-ci une orientation plus démocratique. D'autant que le Parlement n'a pas su, ou pu, se libérer de la suprématie de l'exécutif et se donner ainsi le pouvoir d'être réellement à l'écoute des forces vives de la Nation.
Dans le cas de la réforme des retraites, l'exécutif, et avec Nicolas Sarkozy, il s'agit plus de la Présidence, que du Gouvernement, se retrouve d'abord en-tête-à-tête avec les organisations syndicales, puis avec des millions de citoyens, dans les rues de France, pour contester le bien fondé de sa réforme, ou plutôt de sa contre-réforme.
Et là se pose, non pas le bien-fondé de l'élection du Chef de l'Etat français, en 2007, par la majorité des électeurs, mais celle de sa loi, qui est désapprouvée par une plus large majorité de Français encore, présents dans les rues ou au-travers des études d'opinion, dont l'Elysée est d'habitude friande, et qui laisse voir, combien cette contre-réforme ne rencontre pas l'adhésion des nos concitoyens.
Cette loi n'est donc pas légitime, même si elle a été présentée par le pouvoir sarkozyste et approuvée par la majorité UMP et Nouveau Centre des 2 assemblées.
Certains demandent, afin de sortir de l'impasse sociale dans lequel le pouvoir s'est empêtré, de recourir au référendum, afin d'opposer le résultat de mai 2007 à celui de ce vote, et par là même contester à Nicolas Sarkozy le possibilité de se maintenir au pouvoir.
En tant que Radical de gauche, je ne suis pas favorable à cette solution pour sortir de la crise, dans laquelle, l'intransigeance et le mépris du Chef de l'Etat ont jeté la France.
Le référendum est une réponse politique à une crise sociale. Et l'heure de l'échéance politique n'est pas encore venue. En 2012, il sera temps de dire stop à l'expérience sarkozienne et de penser au redressement de notre pays.
Mais pour le moment, il faut redonner aux partenaires sociaux l'opportunité de retrouver le chemin de l'expression de leur propositions autour d'une table, avec un pouvoir, enfin soucieux de trouver des solutions justes au problème de financement des retraites, et non plus désireux de jouer les fiers à bras, pour donner des gages à son électorat conservateur.
C'est pour cela que le PRG souhaite qu'une vraie négociation s'ouvre, avant même la promulgation de la loi, et se déroule avec les partenaires sociaux afin de remettre la réforme sur la table et que cette fois-ci, ces derniers ne soient plus méprisés et ridiculisés.
Ainsi les deux légitimités se rencontreront au lieu de s'affronter. Et pourront entreprendre un travail serein, en commun, et parvenir, enfin, à trouver la voie d'une réforme juste et durable.