L'été musicien s'était annoncé dans un ciel océanique, déployant ardemment les voiles dorées de nos désirs. Et le soleil venait jusqu'à mes pieds avaler le fin pollen des gueules-de-loup, dont il s'enivrait tout en couronnant la vie. Il sera toujours là, lui, éveillant le fruit défendu ou calmant l'orage. En somme, c'était un été, nouveau comme ce qui est moderne, et surtout radieux.
L'après-midi, où le souffle du vent hurlait dans la cour de fougères où se cachait l'oisillon tendre et tremblotant, je voyais, par-dessus les herbes drues et les fleurs marquant le début de l'air et la fin des ombres à la fontaine brûlante, une reine blanche descendre des marches de feu dans la fournaise d'un ciel limpide. Oh! l'envie que voilà!
Voulait-elle tout simplement venir tremper sa main dans l'eau du bassin de la fontaine ocrée, ou bien tout simplement venir écouter de plus près les petits oiseaux du nid apeurés par sa venue soudaine, qui s'égosillaient fort dans les branches du vieux tilleul en fleur? Cela, je ne le savais pas... Je ne le savais pas, mais à peine avait-elle foulé le sol de son pied nu, qu'elle avait de tendu, qu'aussitôt elle me fixait, la blanche reine aux yeux noirs, une goutte d'or brûlant au bout de ses lèvres, qui ensuite tomba par terre.
Et dans l'instant même, gorgé d'espoir, le sol prenait soudain le pouvoir sur le ciel; de fadaises en fadaises, jadis, je mourrais d'envie de lui parler sans jamais pouvoir le faire tellement ma vie était absente de ce monde. Alors le sol vivait! Et cela se répétait sans cesse! Et la voix obscure de mes tourments, qui, doucement, planait encore un court instant, se taisait très vite par la suite.
Et je peux dire, qu'en toute sérénité, j'appréciais de nouveau la verdure qui étincelait, et ne redoutais plus le malheur des cieux. Les arbres m'étaient réapparus, les blés jaunissaient bellement tandis que les fleurs se rassemblaient joyeusement tout autour des troncs. Oui, la poésie m'était revenue.
Jean