Si,si, vous avez bien lu.
Quand vous avez pris une bonne grosse brosse imprévue (elles le sont toujours), vingt- vingt-cinq bières, accompagnée de Glen ou de Jack la veille (les vieux complices), et que vous faites un changement d'huile le lendemain matin en lisant le journal, l'odeur de la chiasse de bière qui se répend autour de vous dans le petit espace de toilette et qui vous colle à la peau pendant une bonne heure, heure et demie vous fait vraiment réaliser que vous êtes vivant.
C'est vrai que je n'ai jamais eu excessivement d'ambition. Mais il existe définitivement une place pour les gens sans ambition. C'est comme la position de quart-arrière, tout le monde s'y lance mais il faut bien des joueurs de ligne pour faire tenir une équipe. Il y a de toute façon de bien meilleure manière de dépenser ses journées que de se faire violer dans son sommeil entre 6 et 7h00 du matin par un son de radio, sortir du lit comme on sortirait de la carcasse d'une voiture accidentée, de faire sa toilette, de s'habiller de se dépêcher à se tirer dans le traffic, de polluer tant qu'à y être, de peigner des cheveux déplorables, de se rendre là où on vous donnera de l'argent (rarement assez) et toujours majoritairement pour votre employeur qui vous demandera toujours davantage d'efforts.
Personne ne veut être bibliothécaire. Je veux être bibliothécaire.
Les realtions humaines fonctionnent peu de toute façon. Les deux première semaines ont un peu d'éclat mais les masques tombent tout de suite après pour montrer les vrais personalités. Les têtus, les imbéciles, les manipulateurs, les déments, les jaloux, les sadiques, les comiques, les tueurs, les rêveurs, les tueurs de rêves. La société moderne a créé son propre buffet de gens qui se bouffent entre eux.
Je peux voir mon futur. Pauvre parce que je ne recherche pas vraiment d'argent. Je ne sais pas au juste ce que je recherche. Oui je veux un endroit où je peux me terrer et être libre de mes journées. L'idée de devenir quelque chose est assez terrifiante. Qu'une femme parle de moi comme de son "avocat" ou de son "médecin"; parler du titre qu'il évoque au lieu de parler de l'homme qu'il est. Wach! Faire des choses comme des picnics, jouer au hockey avec le plus vieux, allez à la danse avec la plus jeune, aimer d'amour la toute grande, la vie est pas mal plus à cette hauteur. Je préfèrerais être un lave-vaisselle et boire ma vie jusqu'à ma mort que d'être un cadre.
Boire est une expérience . Ça te secoue dans la traditionalité du jour. Ça falsifie, change, altère le monde du connu. Ça prend tout ce que tu sais déjà et le lance dans le mur. Le plaisir est de le reprendre et de le remettre en morceau. Boire est une forme de suicide où tu peux te permettre de tout recommencer le lendemain. C'est mourir et renaître. J'ai dù vivre entre dix et quinze milles vies jusqu'à maintenant.
Nous vivons dans un monde qui a choisi que nous devrions tous faire quelque chose. Être quelque chose. C'est déjà compliqué d'être simplement soi-même, il faut aussi être dentiste, papa, bandit, pimp, salaud, tricheur, des fois tout ça en même temps. Il devient fatiguant de penser à tout ce que l'on ne veut pas être. Je ne veux rien vendre. Essayer de ne rien vendre de nos jours. Difficile.
Où aller quand le monde qui vous entoure et ses exigeances vous écoeure? Nager au fond d'une bouteille est déjà plus interressant que de calculer son RÉER.
Échapper à tout ça?
Aller où?
Chez Tréflé avec Glen, Jack ou Hendricks.
Where else.