Festival Factory : The Detachement + !!! (Chk Chk Chk), La Cigale, Paris, 9 octobre 2010
Après une rencontre hors-norme avec le zébulon endormi de !!! (Chk Chk Chk), je m’apprêtai maintenant à affronter la scène de la Cigale pour cette magnifique soirée de clôture concoctée par le Festival Factory. Une manifestation musicale explosive en guise d’au revoir pour cette onzième édition du Festival Île-de-France, appuyant un peu plus chaque année sa direction prononcée vers l’exploration des musiques actuelles. On ne s’étonnait donc guère d’y voir le trio goth-pop The Detachments se partager l’affiche avec la tornade disco-punk !!!.
Les premiers visiteurs trouveront à peine le temps de s’installer (et pourtant ce n’est pas la place qui manque…) que notre combo de corbacs mal léchés débute son set. Instantanément, le climat est posé : voix caverneuse, ligne de synthé new-wave, battements syncopés de la boîte à rythme… Manchester es-tu là ? L’originalité en moins ? Les chansons se suivent et se ressemblent. On avait déjà vécu ce type de revival à la sauce électronique, avec des groupes comme VHS or Beta, mais ma foi, en mieux… Le jeune Sébastien Marshal pourra s’époumoner sur Fear Not fear, Holiday In Romance ou encore Circles, la mayonnaise ne monte pas. Au bout d’un quart d’heure le public trépigne, piétine, s’accroche à ce qu’il peut pour ne pas sombrer dans l’ennui le plus profond, voir pire, quitter la salle en poussant des hurlements hystériques. Et les danseuses classiques censées assurer la scéno n’apportent rien, si ce n’est une petite touche de pathétisme en plus. Soyons honnêtes, The Detachments portent leur nom à merveille et dégagent sur scène le charisme d’un mollusque. Heureusement l’agonie ne sera pas bien longue, et le groupe s’évanouira derrière quelques clapotis bien discrets.Si Nic Offer déboule sur les planches, blanc comme un cul, encore stigmatisé par le jetlag, pas d’inquiétudes à se faire quant à son état physique. Dès les premières notes d’AM/FM, le leader du groupe new-yorkais harangue les spectateurs de ses déhanchements lascifs, sa voix flatte nos oreilles et déclenche la frénésie dans une salle de la Cigale gonflée à bloc. Après tout, en plus d’être musicalement plus intense que ses comparses de LCD Soundsystem et de The Rapture, le prestige de !!! se repose primordialement sur des shows incendiaires, libidineux et déjantés. Le jour où vous verrez Porcinet Murphy et la bande à Rabbi Saffer sautiller avec autant d’énergie, vous m’appelez ! En attendant, ce premier titre n’était qu’un tour de chauffe, et le groupe fait monter un peu plus la pression au fur et à mesure que les titres s’enchaînent. La première moitié de Strange Weather, Isn’t It? y sera d’ailleurs représentée dans l’euphorie la plus totale. Offer partageant son micro avec la chanteuse groove Shannon Funchess, qui arborera pour l’occasion un look très paramilitaire. Des morceaux comme Most Certain Sure ou Jamie, My Intentions Are Bass rassurent quant aux potentielles inquiétudes de la reproduction du dernier opus de !!! en live, et Must Be The Moon assure la transition vers le répertoire inusable de Myth Takes.
La fosse est en extase, manifestant sa joie à travers des hurlements gutturaux, des pogos violents, des applaudissements tapageurs… Et comme le disait Mr Manatane à son ami Willy Odin : « Je sue mais je m’en fous. » Soyons clair, le spectacle est dans la salle, dans les gradins, dans la fosse que Nic Offer parcourt comme un enfant, se mélangeant à la foule… Caressant, embrassant, dansant… Il arrache les inhibitions et communique les flammes du groove à chaque individu qu’il approche. Rappelé à l’ordre par ses musiciens, il enchaîne les classiques de Me And Guiliani Down By The School Yard à Yadnus. Un courte pause lui permet de se changer et au groupe de préparer le terrain pour un The Hammer terrifiant, mais pourtant un poil au-dessous de ce que l’on pouvait attendre. Ce track à quatre-vingt-dix pourcent électronique fascine par sa longue montée explosive et perd en pêche lors de son adaptation scénique. Légère déception ? Certes, et quitte à pinailler, on regrettera également l’absence de Pardon My Freedom et Hello, Is This Going On? à la setlist. Mais pas de quoi ronchonner puisqu’après plus d’une heure de folie pure, le groupe trouve encore assez de ressources pour nous asséner deux rappels fulgurants. Tout d’abord un Shit Schiesse Merde, issu de Louden Up Now, joué en intégral, et dont l’assistance reprendra le « tututudu… » en cœur. Le grand final sera sonné par un Heart Of Heart mystifié, sonnant le glas d’une prestation non loin d’être mythique. Résultat des courses, le rideau tombe et l’assemblée s’en repart sonnée, repue et ravie. Mais à votre avis, qui du public ou de Chk Chk Chk aurait pu tenir le plus longtemps ? Le sextet est décidément increvable.