Les poubelles recèlent des richesses dont on commence seulement à prendre conscience, il n’est que voir tous ces mouvements alternatifs ou organisations qui font de la récupération leur bizness pour aider les plus démunis à survivre avec des riens ou ces artistes qui se font des choses en or avec les rogatons gratuits trouvés dans nos ordures. A un échelon plus modeste c’est un peu ce qui m’est arrivé quand descendant mon sac poubelle dans le local dédié au tri sélectif, j’ai trouvé par terre, un grand sac en plastique contenant une grosse dizaine de livres abandonnés attendant qu’un lecteur les recueille et les choie. Au milieu de bouquins scolaires et de guides pratiques, un roman agitait ses feuilles jaunies pour attirer mon attention, n’écoutant que mon bon cœur je l’ai rapporté chez moi.
Daniel Lacotte l’auteur, est né à Cherbourg en 1951, journaliste il sera rédacteur en chef de différents journaux comme La Tribune, L’Expansion etc. Depuis 1974 il écrit des livres de poésies ainsi que des romans et des biographies, une trentaine d’ouvrages au moins.
Erik le Viking paru en 1992 est un roman et non une biographie, c’est-à-dire que l’auteur nous raconte la vie du célèbre Viking mais à sa sauce, des faits exacts liés par des évènements romanesques qui rendent la lecture du bouquin plus plaisante qu’un livre d’histoire qui parfois peut paraître rébarbatif. Erik « le rouge » (950-1010) comme le surnomme la légende en raison de la couleur de ses cheveux est un fier Viking, le type même du guerrier valeureux et entreprenant tel que nous le montraient les BD de mon enfance. Son père, un peu vif, sera banni de Norvège suite à une bagarre dégénérant avec un de ses voisins, il devra s’exiler en Islande avec les siens. Tel père, tel fils, Erik règle un conflit de voisinage par un carnage qui l’oblige lui aussi à s’exiler et quitter l’île. C’est grâce à cette sanction, à bord de son drakkar qu’il va découvrir et coloniser par hasard ce qui deviendra le Groenland (La Terre Verte). Plus tard ce sera son fils qui découvrira l’Amérique du Nord, de Terre Neuve à Cap Code.
Tout l’intérêt du livre consiste dans la description des mœurs vikings, leurs traditions, les longues sagas qui chantent les exploits des dieux et des héros rejoignant le walhalla. Vers la fin du roman on sent venir l’évangélisation du christianisme qui lentement mais sûrement va faire se convertir les Viking, une page est en train de se tourner, Erik va mourir tandis que son fils va partir coloniser les terres plus fertiles du Nord-Est Américain. Le roman se lit d’une seule traite, la seule critique que j’émettrai c’est que tout est un peu trop « rose », à cette époque et en ces lieux, ces types affrontaient des tempêtes sur des mers bordées de masses de glaces, la vie à terre n’était pas moins dure sous ces latitudes de froid et de neiges etc., or ici on ne sent jamais la sueur ou le sang, même si elle est dite nous sommes loin d’en avoir le goût en bouche. S’il s’était agit d’un livre historique il se devait de ne relater que des faits, mais vu que c’est un roman, l’histoire manque de sel.
« Ceux qui restaient dans le monde des vivants avaient la tâche impérieuse d’équiper leurs morts pour la survie dans l’au-delà. Ils devaient leur préparer une digne sépulture, chanter leurs hauts faits, leur offrir des sacrifices, les convier aux fêtes familiales et rappeler sans cesse leur souvenir. S’ils ne veillaient pas à ce que les morts bénéficient de ces soins attentifs, le risque était trop grand de les voir revenir sous la forme de mauvais esprits qu’il faudrait alors tuer une seconde fois. C’est ce qui s’était passé deux ans avant la mort de Thorvald, dans une ferme voisine. Les deux fils s’étaient montrés d’une désinvolture tellement révoltante à l’égard de la dépouille de leur père que celui-ci, aidé de Loki, le dieu malin, avait jeté un sort sur son ancien logis : il avait fallu rouvrir sa sépulture et le tuer, selon le rituel, une seconde fois. Jamais semblable injure ne serait faite à Thorvald ! »
Daniel Lacotte Erik le Viking Acropole