Brusquement,
un jour d’été,
les démons ôteront leur masque et,
désignant vingt millions de cadavres alignés,
éclateront de rire:
« Hein! quelle bonne farce! »
Aussitôt les vrais hommes
remonteront au grand jour.
Même ceux qui sont morts.
Ils parleront droit et juste,
à haute voix.
Alors il y aura de nouveau
des arbres, des pierres, des fleuves.
Tu longeras un mur:
il te répondra gentiment.
Tu prendras une branche, elle te dira:
« Je t’aime »,
tu pourras la serrer sur ton coeur.
(Jean Tardieu)