LA PONDEUSE AU POULAILLER
Logement, soins, alimentation.
Certains s'étonneront de voir préconisée une réclusion, contraire à l'idée qu'ils se font de la vie des oiseaux. En fait, il faut savoir choisir entre rendement et sentiment, et se souvenir "qu'un poulailler bien organisé" ‑ nous ne disons pas luxueux ‑ est infiniment plus confortable pour une pondeuse qu'une cour humide où il ne pousse rien ou qu'un parquet herbeux dévasté et boueux dès les pluies d'automne.
LE SOL DU POULAILLER
Eviter avant tout un sol, de quelque nature qu'il soit, reposant directement sur le terrain ou se trouvant en contrebas afin de supprimer les "remontées" d'humidité. Une légère aération souterraine est toujours recommandable. Voici, pour les trois cas usuels classés dans l'ordre des préférences, comment il faut procéder :
1) Terre battue surélevée par rapport à l'extérieur et reposant sur un lit de mâchefer ou de grosses rocailles disjointes. Le mâchefer et les rocailles peuvent être associés avec avantage.
2) Ciment surélevé par rapport à l'extérieur et reposant sur un lit de grosses rocailles disjointes pour l'aération. Noyer dans le béton, comme isolant, une couche uniforme intercalaire de papier goudronné ou de feutre. A défaut, réaliser un béton isolant et anti‑froid.
3) Plancher de bois sur briques de surélévation et d'aération. Si la litière est bien conduite, le plancher ne pourrit pas. Il est d'ailleurs possible d'enduire ce dernier, un certain temps avant la mise en place de la litière permanente, de produits conservateurs.
LES MURS
Il faut empêcher les condensations, qui sont inévitables si les murs sont trop froids par rapport à l'atmosphère tiède et humide du poulailler, et, par suite, les retours d'eau d'évaporation à l'intérieur de la litière. Les murs à simple paroi sont satisfaisants s'ils sont réalisés en pierres, briques creuses, agglomérés épais ou creux, bois bouveté et suffisamment fort. Par contre, la double paroi ou le calorifugeage est indispensable dans les cas suivants : tôles, plaques d'éverite de librobois ou de fibrociment.
LE TOIT
Même observation que ci‑dessus pour les condensations. Il faut, d'autre part, tenir compte du fait général que, dans tout bâtiment, les échanges rapides de température avec l'extérieur (chaleur ou froid, soleil ou neige, etc.) sont plus le fait du toit que des murs. Enfin, puisqu'un poulailler trop haut de toit est inchauffable en hiver par les moyens naturels qui seuls nous intéressent ici (chaleur animale, chaleur dégagée par la litière), nous proposons le compromis suivant à l'intention des aviculteurs qui ne peuvent momentanément envisager la dépense d'un plafonnage : en dessous d'une hauteur de toit de 2,50 m par rapport au plancher, le plafonnage peut être évité. Pour les hauteurs plus grandes, il est indispensable. En cas d'impossibilité, effectuer au moins un calorifugeage grossier à l'aide de paille, par exemple.
L’EXTERIEUR
Tout autour du poulailler, creuser obligatoirement une rigole pour l'évacuation des eaux de pluies. Cette précaution, ajoutée à celle qui consiste à surélever le sol intérieur, supprime le risque de voir le fond de la litière épaisse se transformer en bourbier.
FENETRES ET VENTILATION
Il faut donner ici la préférence, sans hésiter, aux fenêtres à l'anglaise coulissant verticalement dans deux rainures et situées aussi haut que possible. Il est indispensable de pouvoir régler à volonté l'admission plus ou moins intense de l'air froid extérieur sans gêne pour les volailles, c'est‑à‑dire loin de leur tête, et sans refroidissement brusque de la partie supérieure de la litière, afin d'éviter des condensations de surface (effet de rosée).
Prévoir des fenêtres sur tous les côtés car elles permettent, ouvertes en grand, une excellente aération d'été et, presque fermées (une fente de 2 cm suffit), un très bon réglage d'hiver. Avec ce système, les cheminées statiques sont souvent inutiles ainsi que les prises d'air murales. L'expérience démontre, en effet, qu'à travers chaque fente d'ouverture des fenêtres, l'air chaud évacué est remplacé par de l'air froid avec un effet "amorti" qui proscrit automatiquement les sautes brusques de température.
LA LUMINOSITÉ
Pendant le jour, la surface des fenêtres doit être suffisante. Pour l'éclairage artificiel indispensable à la ponte d'automne et d'hiver, prévoir une lampe d'environ 100 W dans un fort réflecteur, à 2 m de la litière, par 25 m2 de surface. Eclairer de préférence, d'une manière plus intense, les trémies ou augettes.
LES PERCHOIRS
Les perchoirs sont absolument indispensables, surtout dans les régions humides car les oiseaux contraints de dormir sur la litière empêchent l'évaporation normale de se produire. Il faut donner la préférence aux perchoirs transportables afin de pouvoir obtenir, par déplacements successifs, un éparpillement satisfaisant des déjections nocturnes. Ce perfectionnement n'est peut‑être cependant pas absolument indispensable car, dans des installations à litière permanente bien conduite, on constate que les déjections ne s'accumulent que très peu sous les perchoirs fixes puisque ce sont les poules, dans la journée, qui se changent de les disséminer.
LES PLANCHES A DEJECTIONS
Elles sont radicalement à supprimer puisque le but du système est d'éviter la maind'oeuvre et de permettre aux déjections de se transormer, à l'intérieur de la litière, en substances utiles. Les planches à déjections peuvent cependant être conservées, bien que ce soit la négation de la méthode, dans le cas où des conditions défavorables, non modifiables, ne permettaient pas d'obtenir un assèchement suffisant.
Un compromis, bien adapté aux régions humides, consiste à placer les perchoirs au-dessus d'une fosse à déjections qui peut n'être vidée qu'après plusieurs mois. Pour empêcher les poules de pénétrer dans la fosse, on place un grillage au-dessus.
LES ABREUVOIRS
Le système utilisé doit prévenir rigoureusment la projection répétée de gouttelettes d'eau dans la litière afin d'éviter la formation de bourbiers, dont les propriétés bactériologiques n'ont plus rien de commun avec celles des litières permanentes bien entretenues.
AUGETTES ET TREMIES
Elles doivent être conçues pour éviter l'éparpillement de la nourriture dans la litière et la formation de plaques en fermentation.
TEMPÉRATURE MINIMA DU LOCAL
Toutes les précautions précédentes ont pour but d'obtenir, en mauvaise saison, une atmosphère intérieure constamment plus élevée qu'à l'extérieur et chargée de l'humidité excédentaire de la litière afin de pouvoir en assurer l'évacuation par le jeu naturel de la ventilation. Il est essentiel de chercher à conserver une tempéraure d'au moins 10 degrés car, en dessous, il devient difficile de maintenir un état satisfaisant d'équilibre entré les recettes (déjections humides ajoutées quotidiennement à la litière) et les sorties (évaporation de la litière).
Lorsque cet équilibre n'est plus obtenu, il faut alors chauler (en principe on ne rajoute pas de litière à une litière devenue permanente) ou, exceptionnellement, réinstaller des planches à déjections.
LITIERES
Une litière permanente d'une épaisseur d'au moins 0,15 m doit être à la fois abondante, non mottable, non colmatable, non tassable et non poussiéreuse. Aucune substance unique ne correspondant à ces desiderata, nous recommandons les 6 formules suivantes :
1) Sciure de bois 50 %, Copeaux de bois 50%.
2) Tourbe blonde 50 %, Copeaux de bois 50%.
3) Tourbe blonde 75 %, Paille hachée 25 %~
4) Sciure de bois 75 %, Paille hachée 25%.
5) Tourbe blonde 15 %, Copeux de bois 60 %, Paille hachée 25 %.
6) Sciure de bois 15 %., Copeaux de bois 60 %, Paille hachée 25 %.
La sciure de bois ne doit pas être trop fine et les copeaux de bois pas trop gros.
La toube blonde, variété Hollandaise de préférence.
L’ALIMENTATION
Il n'est pas question d'obtenir des oeufs à contre‑saison sans un aliment composé de bonne marque, mais l'éleveur peut ici choisir entre deux méthodes :
‑ s'il distribue des grains, il doit mettre à la disposition des pondeuses un aliment composé du type complémentaire,
‑ s'il n'en distribue pas, l'aliment composé à choisir est du type complet.
Bien vérifier cette distinction d'appellation sur les étiquettes des sacs, et suivre rigoureusement le mode d'emploi.