Sarkis (2)

Publié le 11 mai 2007 par Marc Lenot

au Musée Bourdelle, jusqu’au 3 Juin.

Moins “artistique” que celle du Louvre, cette exposition, Inclinaison, est plus impressionnante, plus enveloppante. Dans le Grand Hall des plâtres, le Centaure Mourant de Bourdelle, la tête inclinée sur l’épaule, se trouve nimbé d’une lumière orangée qui irradie toute la salle. Le voile couleur de miel nourricier (550 m2, 150 kg) effleure sa tête. La salle entière en est transformée. Les plus grands plâtres voisins trouent ce vélum, leur tête quasi invisible, au dessus du ciel; le hideux monument au général Alvéar, héros de l’indépendance de l’Argentine, trop écrasant, trop vertical, disparaît. Comment peut bien être la vue au dessus du vélum, avec ces quelques bras et têtes émergeant d’une mer orangée ?  

Plus loin, 41 bombes d’aquarelle et leurs sucriers s’alignent sur de longues tables, série de couleurs, compositions infinies. Et que leurs noms sont beaux : Rose Carthame et Violet d’Egypte ! (cliquez sur le cartel). L’aquarelle diluée au fond des sucriers s’est évaporée, ne reste qu’un peu de matière sèche, un peu de lumière morte. Et chaque bocal contient cinq litres de poudre, pour créer des immensités de lumière.

Enfin, tout au fond, dans le bunker (Sarkis, ici comme au Louvre, affectionne les profondeurs) une Pénélope de Bourdelle, sortie des réserves, trône au milieu de statues guerrières sur un parterre de fleurs et se voit honorée quotidiennement de deux gouttes de Vol de Nuit, de Guerlain. Le tout flotte dans l’atmosphère de la Vallée des Cloches de Ravel, jouée par Richter. Un peu too much, non ? et en plus les gardiens bavardent à voix haute.

Sarkis dit qu’il ne connaissait pas le Musée Bourdelle et en avait la vision d’un lieu lourd et poussiéreux. C’est l’amitié de la nouvelle conservatrice (qui a ouvert le Musée à l’art contemporain; voir ici, ici et là) qui l’a finalement convaincu de tenter l’expérience, et, tout de suite, l’installation autour du Centaure s’est imposée à lui.

Dans l’atelier, vous verrez aussi des verres de Patrick Neu, avec des dessins au noir de fumée, fragiles, éphémères, évanescents, où la transparence fusionne l’avant et l’arrière, l’avers et le revers. Ici, à nouveau, la Bataille de San Romano où tout se confond dans une mêlée confuse.

Regardez cette vidéo de Xavier Faltot, et lisez ici et là.

Toutes oeuvres de Sarkis (c) ADAGP; conformément aux demandes de l’ADAGP représentant les droits de Sarkis, les reproductions de ses oeuvres seront ôtées du site à la fin de l’exposition. Photos de l’auteur.