L’année dernière, j’avais décidé de m’extraire quelques temps du business musical. Il était clair que j’avais besoin de prendre un peu de recul sur les choses, de me réorganiser, de travailler sur moi et de définir les orientations des années à venir : il fallait passer de la semi-liberté accordée par mes études à la liberté totale que j’ai obtenue en septembre 2009. Cette année a défilé très vite et était loin d’être inutile, j’y ai appris beaucoup, et j’ai continué mes recherches, mais exactement dans le sens que je souhaitais cette fois.
Tout d’abord j’ai eu le temps de faire un travail de fond qui m’était indispensable: repenser ma technique pianistique et explorer le répertoire. Quelques petites choses qu’il fallait améliorer me gênaient dans ma technique et j’ai donc décidé d’y remédier une bonne fois pour toutes. Cette année était le créneau rêvé pour s’attaquer à ce genre de choses: pas de deadlines et beaucoup de temps pour travailler ou retravailler certaines œuvres. J’ai aussi pu explorer du répertoire, c’était fondamental pour savoir quelle direction je souhaitais prendre. Finalement, ces découvertes m’ont confortées dans l’idée que je suis particulièrement sensible aux XXème et XXIème siècles, même si j’adore jouer quelques compositeurs hors de cette période en privé seulement.
Une découverte sur un autre plan : j’aime la solitude. Je pensais l’année dernière que j’allais souffrir de cet isolement partiel mais pas du tout. Au contraire, loin de l’agitation et du bruit intellectuel permanent, j’y ai trouvé mon compte et j’ai pu vraiment resté concentré sur mes tâches. Si j’ai pu penser un jour que la solitude était le fléau du soliste, je la trouve désormais nécessaire. Je me permets de citer Gould qui exprime avec toute la maturité qu’on lui connaît ce que je ne pourrai jamais écrire aussi bien: “Ce n’est pas que je sois asocial, mais il me semble que si un artiste veut utiliser son cerveau à un travail de créateur, ce qu’on appelle autodiscipline – et qui n’est rien d’autre qu’une façon de se retrancher de la société – est absolument indispensable. Tout artiste créateur qui entend produire une œuvre digne d’intérêt ne peut faire autrement que d’être un être social relativement médiocre.”
Sur le plan personnel, cette année a été particulièrement intéressante. J’ai beaucoup progressé, beaucoup appris sur moi, sur ma relation au piano et à la musique. Les sentiers empruntés timidement auparavant sont devenus des routes certaines qui me structurent. Professionnellement aussi mon regard sur le métier de pianiste a énormément changé en quelques mois, mais j’en ferai part dans mon prochain post.
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