Dans le TGV, l'esprit loin des grèves et plutôt thé à la menthe, je pense à l'Afrique, aux femmes burkinabées qui travailleront bientôt avec nos élèves de coiffure et d'esthétique...

Par Teaki

En ce début d'automne, la température commence à fraîchir, le soleil grésille sur les premières gelées, les mouettes savent qu'elles seront les rares habitantes de la côte alors que leurs compères et commères partent vers le Sud, dans cette Afrique qui me manque, ses couleurs, son odeur, sa désinvolture mêlée de spontanéité et de force, de vitalité et d'émotions.

Alors que les flammes de la cheminée éclairent d'un autre feu le temps qui passe, je me souviens de ce thé à la menthe partagé au pied de l'Atlas. La montagne des montagnes, "Adra m'deren", rend le Maroc si fertile comme le Nil fait l'Egypte. Majestueuse barrière qui protège la ville de l'envahissement du désert.

 
Rencontre élégante avec Patrick Manach. Ce ouessantin a érigé la Maison de la photographie de Marrakech dans le quartier de Mouassin près de la medersa Ben Youssef connue pour ses amoncellements de cuirs travaillés. Et, les yeux sur l'Atlas, nous parlons comme on sait le faire en Afrique de Yasmina d'Ouassan, femme du début du sicèle dernier, noble, riche, fumeuse de cigares et championne de billard, joli cliché noir et blanc, atmosphère désuète et si moderne car elle dit ce que sera le monde, par la grâce de femmes spirituelles et créatives. Et l'on parle des rêves de Mahjoub, jeune homme de Ouarzazate, certain de trouver son destin dans les méandres de la grande ville et plus loin en Europe, dans la capitale française...mon dieu, me dis-je, tant de gens rêvent d'être français, comment se fait-il que nous soyions, nous, français, insatisfaits de nos sorts?

L'esprit de conquête, l'ambition sont presque devenus des gros mots dans notre pays où la mode est à déguiser ses pensées, déplorer la modernité parce que soit-disant, elle sépare, elle anihile, elle stresse...

Comment se fait-il que nous déplorions ce que d'autres nous envient et que certains veulent absolument ce qu'ils ont déjà ou pourraient avoir avec un effort constant de lucidité et de courage. Construire au lieu de fuir. Aprendre que le monde tourne autour de nos créations, nos re-créations.

Ha! L'Afrique, comme elle change, comme elle reste belle et devient de plus en plus attractive. Comme elle saura devenir la terre de nouveaux modèles économiques, d'une prise de sonscience de nouvelles gouvernances issues des traditions coutumières plutôt qu'héritées de la(dé)colonisation.

De retour de Paris, j'entend le cliquètement du petit ferry de l'ile de Gorée dans le tanguement du TGV. Comme je suis heureuse de participer avec le concours des écoles techniques privées que je gère, au développement de nouvelles activités de commerce intégré pour des centaines de femmes burkinabés, professionnelles du traitement des noix de karité. Ces femmes ont monté une usine exemplaire adaptée à leur capacité d'entretien et d'utilisation et ce, avec l'intelligence et la rare complicité de mon ami VIncent Bourgeteau, président du laboratoire de recherche cosmétique Ephyla 3 lové au creux de l'université de Vannes.

Aujourd'hui, L'Occitane utilise le karité de nos amies burkinabées. Avec la complicité de Jean-Marc Fert, PDG du laboratoire Ariland et Jean-Marc Rety, coloriste bio, nous comptons lancer une nouvelle gamme de coloration végétale....

Ma mère et les africaines qui m'ont vu grandir m'ont transmis la passion du henné, du ghassoul, du savon noir, du monoï, des graines de basilic sauvage chauffées au bain maori...mes cheveux ne connaissent pas la chimie....C'est donc autant parce que les étudiants de mes écoles sont enthousiastes à l'idée de participer à la mise en place d'une gamme de produits d'avenir, en cohérence avec de nouveaux modes de production et de consommation, autant par conviction personnelle que nous allons tester, contribuer à améliorer la nouvelle gamme de la marque K pour Karité.