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Pénurie de médecins en Ile-de-France : un défi à relever

Publié le 22 octobre 2010 par Nouvellesdelhopital
Lu ce matin sur le Webzine de l'AP-HP. C'est un peu gênant ces histoires de pénuries de médecins, non ? On nous parle du maque de médecins dans la France rurale, la "France du vide"... et c'est maintenant au tour de l'Île de France d'être touchée ? Trop longues, trop chères, trop dures études pour un travail très ingrat ?
Les zones rurales ne sont plus les seules à souffrir de la baisse de la démographie médicale. Des régions jusqu’alors considérées comme privilégiées - à l’image de l’Ile-de-France - sont aujourd’hui touchées à leur tour et l’AP-HP se prépare à faire face à de sérieuses difficultés de renouvellement de ses médecins dans plusieurs disciplines.
Certaines régions ont eu, pendant longtemps, la réputation d’attirer les médecins et, plus largement les professions de santé. C’était le cas, entre autres, de l’Ile-de-France et des régions méditerranéennes. Mais cette image de région privilégiée en la matière a aujourd’hui tout d’un cliché.
Pénurie de médecins en Ile-de-France : un défi à releverCertes, la densité de médecins reste plus élevée en Ile-de-France que dans certaines zones rurales du grand Bassin parisien. Mais elle connaît, elle aussi, une évolution négative. Ainsi, l’Atlas de la démographie médicale, publié chaque année par le Conseil national de l’Ordre des médecins, indique que le nombre de médecins en Ile-de-France a diminué de 0,7% en 2009. La baisse atteint même -2,2% pour les médecins dits "en activité régulière", autrement dit hors médecins remplaçants et médecins temporairement inactifs. Il ne s’agit pas là d’un phénomène ponctuel. Au cours des trente dernières années, le nombre de nouveaux médecins inscrits chaque année au tableau de l’Ordre en région Ile-de-France - l’inscription est obligatoire pour exercer - a diminué de 30%... Autre facteur aggravant : la moyenne d’âge des médecins franciliens est de 51 ans, ce qui laisse augurer des départs massifs en retraite dans les prochaines années, très difficiles à remplacer. Même une très forte augmentation du "numerus clausus" - qui fixe le nombre d’étudiants admis à suivre des études médicales - ne commencerait à produire ses premiers effets que dans plus de dix ans.
La situation est aujourd’hui suffisamment préoccupante pour que les pouvoirs publics s’en inquiètent. Le Conseil économique et social de la région Ile de France a d’ailleurs publié le 20 octobre un rapport sur la démographie médicale, évoquant une baisse de 10% des effectifs médicaux en Ile de France au cours des 10 prochaines années et s’inquiétant notamment du recul de l’exercice libéral de la profession.Ces difficultés concernent la médecine libérale comme la médecine hospitalière. L’AP-HP - qui emploie environ 46% des spécialistes exerçant en Ile-de-France - va ainsi devoir faire face, dès 2015, à d’importantes difficultés de remplacement. Sous l’hypothèse d’un recrutement uniforme entre l’AP-HP et les autres hôpitaux publics, seul un faible nombre de disciplines médicales hospitalières sont aujourd’hui assurées de pouvoir renouveler leurs praticiens titulaires si l’on s’en tient aux seuls diplômés issus du cursus universitaire français. D’autres disciplines vont en revanche connaître de graves difficultés en raison de flux de formation franciliens insuffisants et d’une mobilité professionnelle accrue : 25% de renouvellement des départs de praticiens titulaires en anesthésie réanimation et environ 50% dans des disciplines tout aussi essentielles comme l’anatomie et cytologie pathologiques, la médecine nucléaire et biophysique et la radiologie. Une perspective qui pourrait menacer, à terme, le fonctionnement des plateaux techniques (Rapport démographie médicale à l’AP-HP - 2009).
La réponse à ce défi démographique ne relève pas des seuls établissements de soins, mais suppose des politiques déterminées de la part des pouvoirs publics. Pour sa part, l’AP-HP a entrepris de faire face à cet enjeu considérable. A la suite du rapport réalisé en mars 2009, qui évoquait une baisse d’environ 500 spécialistes par an dans les prochaines années et une étude des estimations des besoins franciliens par un modèle démographique*, l’AP-HP a pu, avec la DRASSIF et les doyens demander l’augmentation significative des flux de formation pour le CHU de Paris dans le cadre du décret n°2009-272 du 9 mars 2009 qui instaure une régulation nationale et régionale pour toutes les disciplines médicales. Le plan stratégique 2010-2014 et, plus largement, la politique de modernisation de l’AP-HP prévoient ainsi de renforcer l’attractivité de l’établissement pour les médecins grâce à une meilleure gestion des carrières et à une anticipation des besoins. Ils prévoient aussi des regroupements et une meilleure organisation de l’activité médicale et des plateaux techniques, afin d’utiliser au mieux des ressources humaines appelées à devenir plus rares dans les prochaines décennies.
* Modèle démographique réalisé à l’INED par le Docteur Silvia PONTONE et Nicolas BROUARD
Philippe Clouet

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