Moi, j’aime pas ça, l’amour,
C’est comme une embuscade répétée chaque jour,
Y a du bonheur qui cogne pour peu que l’on s’admire,
Et du va-comme-j’te-pousse quand les nadirs flapissent…
Moi j’aime pas ça, l’amour,
Avec ses yeux de proie pour mieux nous dévorer,
Avec l’onctuosité des chairs en grand barouf,
Tout ça pour se quitter, un matin d’amertume.
Moi, j’aime pas ça, l’amour,
Quand ce lâche nous a fui, on est veuf et futile,
On boit des vins amers, on profère des horreurs,
Des mots abominables qui noircissent le cœur.
Moi, j’aime pas ça, l’amour,
Quand c’est tout refroidi ça fige en sauce molle,
Gélatineux baiser des souvenirs mordants,
On est triste à crever parce qu’on y survit.
Moi j’aime pas ça, l’amour,
C’est du trop beau qui brûle et fait péter les yeux,
C’est du râgout d’oubli qui recuit tous les jours,
A la sauce chagrin, trop salé par les larmes.
Moi j’aime pas ça, l’amour,
Ca fait du jamais plus dès que ça a cessé,
Ca te regarde en biais quand tu veux l’oublier,
Et ça se fout de toi, bisquerage féroce.
Si je rencontre une femme de certaine avenance,
Faudrait lui dire : « j’t’aime pas », attendre sa réponse : « moi de même Monsieur »
On se prendrait la main, on irait boire du vin,
L’amour ferait la gueule et nous serions heureux.
Moi j’aime pas ça, l’amour,
Nous partirions ensemble, sans poèmes effrontés,
Vers des pays radieux, assez calmes, ma foi,
Pour contempler la mer en se foutant de tout.