Tranche de vie d'une précaire sur la ligne Paris-Nevers

Publié le 22 octobre 2010 par Lheretique

Ah, Paris-Nevers, tout un poème : comme j'ai eu l'occasion de l'évoquer cette ligne-là. On s'amuse bien sur la ligne Paris-Nevers. Comme on a pu l'observer par le passé, on a l'étrange sentiment que la grève y est perpétuelle, les retards successifs venant suppléer aux humeurs revanchardes des agents locaux.

C. travaille dans une société de services : ceci signifie que son salaire n'est pas fixe mais dépend du nombre d'heures qu'elle effectue. Elle n'est pas fonctionnaire : une heure de retard ne lui est pas payée quand il y a une grève. 

Sur la ligne Paris-Nevers, il y a une joyeuse baston : il y a des gars qui se disent que cette grève ne rime à rien, et d'autres qui jugent au contraire qu'il faut aller jusqu'au bout. Sauf que voilà, les jusqu'auboutistes imposent leurs vues aux autres en bloquant la circulation des trains conduits par ceux qui veulent bosser.

Résultats, C. a perdu 20 heures de revenus pour la seule semaine qui vient de s'écouler. C. se lève à 4 heures du matin afin d'être à Paris à 8h00 pour ses premières heures de la journée. Le Service Minimum, dans la Nièvre, ce n'est pas seulement une réduction du nombre de trains, ce sont des retards aléatoires, variant de 1h30 à 3h00 selon l'humeur des feignants locaux. 

C. travaille entre 34 et 35 heures par semaine. Quand les trains arrivent à midi à Paris et repartent 1 à 2 heures plus tôt, elle perd donc les deux tiers de son revenu.

C. n'est pas seule : elle discute avec d'autres voyageurs. Certains commencent à avoir de sérieux problèmes avec leurs employeurs pour des retards dont ils ne sont pas comptables.

Comme on a le sens de la fête à la SNCF sur la ligne Paris-Nevers, les grévistes posent des pétards sur les rails quand les non-grévistes passent avec leurs trains. Du coup, comme ces derniers craignent un éventuel incident technique, au son de l'explosion, ils arrêtent leur train. Astucieux non ? Qu'est-ce qu'on rigole à la SNCF !

Est-ce qu'il y a un jour quelqu'un qui va se soucier des précaires, en France ? Et quand je dis s'en soucier, je ne parle pas de manifester en les empêchant de bosser avec des régimes spéciaux et la sécurité de l'emploi, mais de vraiment trouver les moyens de leur faciliter leurs conditions de travail !

En tout cas, côté blogues nivernais, on parle de tout sauf d'eux ! Eh, oh, le MoDem du 58 qui veut préparer les cantonales : vous auriez intérêt à sérieusement vous pencher sur la question, parce que cela concerne bien plus de nivernais que vous ne pouvez l'imaginer.