C’est sa vingt-cinquičme filiale : Eurocopter a désormais pignon sur rue ŕ New Delhi, sa dixičme implantation en Asie, une maničre de souligner que certains marchés sont appelés ŕ prendre une importance considérable au fil des prochaines années. Une remarque qui s’applique aussi au géant économique qu’est la Chine.
Lŕ, les liens sont déjŕ étroits et concrets. L’hélicoptčre ŕ 16 places EC175 (baptisé Z15 par les Chinois) en témoigne éloquemment. Ce programme ambitieux a été lancé en 2005, ŕ 50/50, par le constructeur franco-allemand et AVIC, avec la ferme intention d’en vendre 800 exemplaires environ en une vingtaine d’années.
Stéphane Bernard, directeur du marketing d’Eurocopter, faisant appel au jargon trčs particulier des hélicoptéristes, explique qu’il s’agit d’une machine Ťoil and gasť, c’est-ŕ-dire principalement destinée ŕ l’industrie pétroličre. Mais elle se pręte aussi aux missions de recherches et de secours, aux opérations de sűreté ou encore au transport de personnes, VIP inclus. Appareil civil de la classe des 7 tonnes s‘insérant entre Dauphin et Super Puma, il sera certifié l’année prochaine par l’Agence européenne pour la sécurité aérienne (AESA) et en 2012 par les autorités chinoises de l’aviation civile (CAAC). Les premičres livraisons interviendront ŕ ce moment-lŕ, depuis deux chaînes d’assemblage final, l’une ŕ Marseille-Marignane, l’autre sur l’un des sites d’AVIC.
Cette coopération longues distances est exemplaire. Elle confirme, si besoin est, que l’industrie aéronautique a effacé les frontičres en męme temps qu’elle n’hésite plus ŕ nouer des alliances entre partenaires fondamentalement différents, quels que soient les critčres retenus. Un garde-fou a néanmoins été mis en place : Eurocopter est chef de file technique en męme temps qu’il assure la gestion des équipes chinoises. Ce qui n’est pas toujours simple, ajoutent certains.
Eurocopter affronte quotidiennement une concurrence dynamique mais n’en conforte pas moins ses positions de numéro 1 mondial de sa spécialisé avec 4,57 milliards d’euros de chiffre d’affaires l’année derničre (dont 52% pour le civil et 65% ŕ l’export), venant de 2,7 milliards en 2004. L’année derničre, la société a livré 558 appareils, ŕ peine moins que l’année précédente. S’adressant aux membres de l’Académie de l’air et de l’espace, Stéphane Bernard n’en a pas moins reconnu avec franchise que Ťles deux prochaines années seront difficilesť. Pour certains modčles, en effet, comme le petit EC120, les prises de commandes se sont dangereusement tassées pour cause de basse conjoncture.
En revanche, la gamme militaire porte l’assurance d’un chiffre d’affaires soutenu, et cela pour de nombreuses années, grâce au redoutable Tigre (notre illustration) et au programme multinational NH-90, géré par NH Industries, important mais étonnamment discret, ŕ défaut de toute velléité de communication. Etonnant ! Tigre et NH-90 ont montré ŕ quel point la genčse de grands programmes militaires peut ętre longue et semée d’embűches, techniques et budgétaires. En revanche, précieuse récompense, en cas de réussite, ils vivent longtemps.
Reste le fait que rien n’est jamais définitivement acquis. Aux Etats-Unis, Bell, Boeing et Sikorsky affichent de nouvelles ambitions, de nouveaux entrants apparaissent (ŕ commencer par la Corée) et des efforts incessants sont indispensables pour s’accrocher ŕ la plus haute marche du podium. D’oů des investissements considérables comme le démonstrateur technologique X3 ou encore la construction prochaine au Bourget d’un site dédié aux pales qui remplacera les installations trčs anciennes de La Courneuve. On y verra sans doute la Blue Edge, pale ŕ double flčche, un concept aérodynamique novateur développé avec l’Onera. Eurocopter réfléchit aussi aux drones et prépare une initiative dans l’intention de prendre pied sur ce marché en expansion.
Avec prčs de 11.000 hélicoptčres en service dans 147 pays, Eurocopter est incontestablement mondiale, c’est-ŕ-dire exemplaire.
Pierre Sparaco - AeroMorning