Des éclairs de Jean ECHENOZ

Par Lecturissime

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L’histoire romancée d’un savant fou…

L’auteur :

Jean ECHENOZ est un écrivain français Il a publié son premier roman en 1979 et a depuis reçu une dizaine de prix littéraires. Avec Ravel et Courir, Des éclairs constitue le dernier volet du triptyque de « vies imaginaires » entrepris par l'écrivain.

L’histoire :

Gregor a inventé tout ce qui va être utile aux siècles à venir. Il est hélas moins habile à veiller sur ses affaires, la science l’intéresse plus que le profit… Tirant parti de ce trait de caractère, d’autres vont tout lui voler.

Jean Echenoz s’est inspiré pour ce récit de la destinée de l’ingénieur Nikola Tesla (1856-1943).

Ce que j’ai aimé :

-   Grégor est un personnage atypique et attachant malgré son caractère ombrageux. Inventeur génial : on lui doit notamment le courant alternatif, mais aussi « La radio. Les rayons X. L'air liquide. La télécommande. Les robots. Le microscope électronique. L'accélérateur de particules. L'Internet. J'en passe » (p.80), il préfère l’allégresse de la découverte et la mise en scène de ses découvertes aux retombées financières éventuelles. Sa passion aveugle et presque enfantine pour la science le condamnera à la solitude, avec comme seuls compagnons, des pigeons…

« Or on sait bien que tout le monde pense, toujours, la même chose au même instant. En tous cas se trouve-t-il toujours au moins quelqu’un pour avoir la même idée que vous. Mais il y en a toujours un aussi qui, avec la même idée que les autres, se montre plus patient, plus méthodique ou chanceux, mieux avisé, moins dispersé que Grégor, pour ne se consacrer qu’à elle et devancer le reste du monde en la réalisant. » (p. 80)

-   Grégor apparaît sous la plume de jean Echenoz comme une sorte de savant fou plutôt comique qui semble par exemple persuadé qu’il peut communiquer avec les Martiens. De plus, ses expériences ne sont pas toujours concluantes :

« Il égrène un compte à rebours et retient son souffle puis, quand son assistant actionne l’interrupteur, une foudre énorme explose au-dessus de la station dans laquelle se répandent une lueur bleue glaçante avec un fort parfum d’ozone alors que des éclairs géants, forme gratte-ciel, jaillissent du mât dans un fracas de tonnerre plus démesuré que jamais. » (p. 103) 

- Jean Echenoz nous offre un magnifique portrait cruel et drôle à la fois, et conclue ainsi en beauté son cycle consacré aux « vies imaginaires ».

Ce que j’ai moins aimé :

- Rien de précis.

Premières phrases :

« Chacun préfère savoir quand il est né, tant que c’est possible. On aime mieux être au courant de l’instant chiffré où ça démarre, où les affaires commencent avec l’air, la lumière, la perspective, les nuits et les déboires, les plaisirs et les jours. Cela permet déjà d’avoir un premier repère, une inscription, un numéro utile pour vos anniversaires. Cela donne aussi le point de départ d’une petite idée personnelle du temps dont chacun sait aussi l’importance : telle que la plupart d’entre nous décident , acceptent de le porter en permanence sur eux, découpé en chiffres plus ou moins lisibles et parfois même fluorescents, fixé par un bracelet à leur poignet, le gauche plus souvent que le droit.»

Vous aimerez aussi :

Du même auteur : Courir

D’un autre auteur : Enlèvement avec rançon de Yves RAVEY

Des éclairs, Jean ECHENOZ, Editions de Minuit, septembre 2010, 14.50 euros