Au Cameroun, deux homosexuels viennent d'être incarcérés après des examens médicaux "dégradants".
Les deux accusés doivent comparaître en Justice le 12 novembre 2010.
L'Association de défense de l'homosexualité (Adefho) et Alternatives-Cameroun se mobilisent pour obtenir leur libération.
Tout est parti d'un larcin.
Emmanuel est arrêté fin septembre à Yaoundé pour un vol perpétré au domicile d'une Française.
Selon les procès-verbaux d'enquête préliminaire que s'est procurée l'Association de défense de l'homosexualité, lors d'une fouille à la compagnie de gendarmerie de Yaoundé, les policiers découvrent qu'Emmanuel possède des préservatifs et un lubrifiant qui porte la mention "Glisse entre mecs".
La question est posé à Emmanuel de l'origine de ce matériel de prévention.
Le voleur désigne ses trois colocataires.
Leur logement est aussitôt perquisitionné, les trois occupants arrêtés et soumis à des examens anaux destinés à "confirmer" leur homosexualité.
Maître Alice Nkom, présidente de l'Adefho et avocate déclare furieuse, "Les agents ont pratiqué des actes inhumains, cruels, dégradants s'apparentant à de la torture".
A l'issue de l'examen médical, Roger et Marc, qui ont révélé leur homosexualité et disculpé Clément le troisième colocataire, sont incarcérés à la prison de Kondengui.
Maître Alice Nkom, regrettant une affaire qui "pénalise lourdement le port du préservatif" déclare "A l'audience du 8 octobre, l'affaire a fait l'objet d'un renvoi au 12 novembre prochain au tribunal de grande instance de Yaoundé".
Selon l'article 347 bis du code pénal camerounais, Roger et Marc, 26 et 28 ans, encourent cinq ans de prison.
Cependant l'avocate souligne que "l'affaire a été portée au tribunal par la procédure de flagrant délit, en l'espèce, il n y en a pas".
En outre, Maître André Nlend, le défenseur des deux jeunes hommes, a expliqué à Alternatives-Cameroun "il ne leur a pas été rappelé qu'ils avaient droit à un avocat ni de garder le silence. Ils ont subi des examens médicaux forcés alors qu'ils étaient menottés. Il existe de nombreuses contradictions dans les procès verbaux établis, qui n'ont d'ailleurs pas été signés par mes clients".
L'Adefho et Alternatives-Cameroun appellent à la libération immédiate des deux jeunes gays.
L'association Alternatives-Cameroun annonce "Une requête a été introduite (en ce sens) auprès du juge du tribunal de première instance de Yaoundé et ils seront entendus pour cela le jeudi 21 octobre".
Quant au voleur, Emmanuel, il ne serait même plus inquiété par la Justice.
Encore une fois le Cameroun montre son homophobie d'État.
Les autorités chassent, torturent et emprisonnent les gays innocents alors qu'elles laissent en liberté le voleur qui les dénonce.
Espérons la libération rapide de Roger et Marc.
Seigneur, protège nos frères gays persécutés.