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Raping ! : La jeune femme et les bourreaux

Publié le 21 octobre 2010 par Diana
Lessivant que ce Raping ! / Yaru ! (1978) de Yasuharu Hasebe. Un pinku eiga montrant un visage peu complaisant du viol (et c’est bien normal ! m’exclamerez-vous et je suppute mais chez nos amis japonais ce n’est pas toujours bien clair de ce côté-ci) qu’on aurait aimé, rien que pour l’actrice (et ce qu’endure bien sûr son personnage) le voir se transformer en rape-revenge. Vraiment.
Mayuko (Natsuko Yashiro), jolie jeune femme au volant de sa voiture rentre à Tokyo. Sur le chemin, elle se fait violer par un camionneur et porte plainte à la police qui ne croit pas en ses dires. Traumatisée, elle reprend la route avec une prostituée rencontrée au commissariat…
Considéré comme un classique du roman-porno et faisant partie d’une tétralogie du viol (ou quadrilogie, c’est selon les infos récoltées), Raping ! est un film dur et sans concession. Voir cette jeune femme se faire violer à plusieurs reprises dans une ignorance totale (celle du monde qui l’entoure) est frustrant et grandit un sentiment de rage et de rancune chez le spectateur que l’on est. Je n’imagine pas qu’on ne puisse justement protester. D’autant plus que Natsuko Yashiro est loin de jouer une femme écervelée et naïve à souhait (à part lors d’une scène peut-être) comme on a pu en voir ici et là des victimes « faciles » dans le cinéma. On ne peut pas dire que l’image de l’homme dans ce film se fasse non plus sans anicroche. Raping ! : La jeune femme et les bourreauxCelle propre sous tout rapport, se serait plutôt son contraire tant se cache dans chaque représentant de la gente masculine des monstres hideux et libidineux qui ne reculent devant rien pour assouvir leurs pulsions sexuelles. En gros, Raping ! dirait aux femmes que ce road-movie du viol qui s’abat sur cette « pauvre » jeune femme est de porter un regard accusateur sur l’homme, LE maux de la société. Là-dessus, si c’était son but, il l’atteindrait avec panache. Mais Raping ! dit bien plus encore et n’est pas une simple stigmatisation du rapport homme-femme (dont je me fais le constat).
Plus sérieusement, on peut supposer qu’avec Raping !, Yasuharu Hasebe dénonce l’attentisme de certain individu. Un discours sous-jacent qui dirait qu’il faut savoir s’imposer par la force et la ruse pour survivre dans nos sociétés (encore plus lorsqu’on est une femme, l’exemple de la prostituée est frappant pour cela et la leçon n’est pas loin d’être apprise par la victime en fin de métrage mais en refusant ici de suivre la voie de la prostitution). Pas beaucoup d’espoir donc au court de cette oeuvre bien que celui-ci vienne encore une fois du dénouement mais également (peut-être, question de jugement personnel) de personnages dont l’apparence pourrait s’avérer hostile : celui des motards (mais là encore tout est question de sexualité et de rapport de force, nous offrant entre autre une scène assez réjouissante). Comme quoi même là, ne jamais se fier aux apparences comme l’auteur semble nous le montrer à travers les agresseurs qui parsèment ce métrage. Il est un fait certain, Raping ! n’est pas qu’un film de viol lambda apportant son lot de seins dénudés. Il est intéressant d’y voir de qu’elle façon le cinéaste montre la femme qui est soit une femme violée sans défense, soit une prostituée. Est-ce le regard que les japonais portent à leur pendant féminin ? Ici la démonstration filmique n’est pas tendre et interpelle sur la virginité, la virginité perdue par la violence comme un passage à l’âge adulte, l’entrée dans ce monde d’adulte sans pitié…
Raping ! révolte mais offre un intérêt indéniable pour l’ironie qui s’en dégage. Si la mise en scène sait être soignée, je retiendrais pour ma part une bande son originale vraiment sympa qui se marie singulièrement à ce qui se joue devant nos yeux. Une Natsuko Yashiro qui joue admirablement les victimes, crédible de bout en bout. Les trois quart du temps muette où tout son jeu s’exprime à travers le regard et les traits de son visage. On n’oubliera pas non plus quelques acteurs aux seconds rôles qui se défendent (une spéciale pour Yudai Ishiyama). Raping ! est une œuvre noire à voir, indubitablement.
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