Le temps de l'inscription (L'usage sémiotique du temps dans le quotidien d'une psychiatrie de ville).
Dr Laurence Fanjoux-Cohen. Psychiatre. (Perpignan)
Au début de mon activité de psychiatre, le concept de temps n'intervenait que très peu dans ma pratique quotidienne. Je faisais une psychiatrie que l'on peut qualifier de « généraliste », basée sur l'enseignement universitaire durant mes années d'internat à Marseille où se mêlaient à la fois des notions phénoménologiques et quelques rudiments psychanalytiques. Une orientation en thérapie systémique m'a conduite à travailler un an à San Francisco sur les thérapies de couple puis trois ans à Paris avec Mony Elkaïm, mais là aussi la notion de temps n'intervenait que très peu dans ma pratique. Si je réfléchissais au temps, c'était celui du temps vécu, concept que j'avais étudié dans le service du Pr Tatossian. On parlait de ralentissement du temps vécu dans les dépressions, d'accélération du temps vécu dans les manies et il nous était demandé à nous, étudiants internes de l'époque, de toujours rechercher cette dimension temporelle dans l'approche clinique des patients.
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