Un rapport de la Royal Society of Chemistry (Grande-Bretagne) rendu public le 10 décembre s’inquiète du nombre croissant de substances chimiques détectées dans les cours d’eau du pays. En sus des pesticides qui n’ont pas atteint leur cible dans les cultures et des rejets des usines, les rivières contiennent à peu près tout ce que nous laissons écouler dans nos siphons… et de nos conduits urinaires. Oui, nous urinons des résidus de xanax ou d’aspirine, de caféine ou de pilule contraceptive. Et à cela, on ne peut pas y faire grand-chose, à moins de pisser dans des containers et de les abandonner dans des grottes. Les stations d’assainissement des eaux ne filtrent pas ces polluants.
Le rapport britannique relève néanmoins que de les shampoings, gels douche et autres produits d’hygiène qui finissent dans les cours d’eau sont accompagnés d’une farandole de substances nocives pour l’environnement et, à terme, pour l’homme. Le triclosan, par exemple, cet agent antibactérien contenu dans les détergents, les dentifrices ou le savon, qui s’accumule dans le corps des poissons. Mais aussi dans les nôtres : on le détecte dans le lait maternel.
Autres polluants, les alkylphénols sont – en partie – tenus pour responsables d’un phénomène appelé “féminisation” (voir Fiche Octylphénol et Fiche nonylphenol). À force de baigner dans des produits qui agissent sur le système hormonal, un tiers des poissons mâles du pays sont en fait des semi-femelles, d’après l’Agence britannique de protection de l’environnement. Outillés d’ovaires, les poissons mâles produisent de la vitellogénine, une protéine destinée à la fabrication des œufs. Non, ce n’est pas normal. Oui, il semblerait que la situation soit comparable en France. Semblerait, car l’enthousiame budgétaire pour financer la recherche n’est, lui, pas comparable.
Sources : INERIS, The Scotsman. Photo : Center for Ecology and Hydrology (Grande-Bretagne)
St.H.