Samedi, le 9 octobre, j’ai vécu une grosse soirée. Ce genre de moment qui rallie la vie virtuelle, dans laquelle je passe énormément de temps, avec la réelle.
Cette soirée est venue du désir de Sandra Gordon à son premier roman, Les Corpuscules de Krause, d’un lancement sans prétention et flafla, juste du réchauffement de cœurs. Cette Sandra, avec son blogue La Cour à Scrap, s’est attiré plusieurs adeptes virtuels. Dont, moi. Dans son espace, qui m’intimidait au début, je stationne régulièrement mon imagination, il y règne cette liberté d’expression qui sonne comme une invitation.
Ce lancement a trainé dans son sillage deux événements; la rencontre d’une vingtaine de blogueurs autour d’helenablue, grande blogueuse devant l’éternel, venue expressément de Lille en France pour y assister (!!!), suivi de près par la prestation musicale de Masatak (L’homme renversé). Cet happening livre qui unit, réunit, fait la fête, n’aurait pas atteint cette réussite sans un tisseur de liens, Christian Mistral, que j’ai eu, enfin, le plaisir de rencontrer. Il était à peu près temps !
Justement, le plus frappant pour moi fut de rencontrer des personnes dont, pour la grande majorité, j’avais rencontrées dans l’antichambre de leurs mots seulement. En général, c’est la méfiance dans ce genre de « blind party » ; comment faire confiance à des gens camouflés derrière des écrans, le risque est grand de s’y aventurer sans ceinture de fausseté. C’est vrai que tout aurait pu arriver, qu’on se regarde de travers, que des tensions pointent jusqu’à prendre des chocs électriques, et presque pire, que le son sonne faux. Eh bien, désolé de décevoir les plus pessimistes : non, tellement non ! Il régnait dans ce Bar l’Absinthe plus que du respect, c'est l’admiration qui circulait d’une tête à l’autre, et l’association des pseudos avec cette tête qui le porte s’accompagnait de sourires heureux et victorieux « C’est lui ! C’est elle ! ». Même exclamation qu’à la découverte d’un trésor ! Et, c'est ça, on découvrait des trésors.
S’aimer déjà avant de se rencontrer, n’est-ce pas un peu magique ? Ça donne toute la valeur aux mots, serviteurs de l’esprit. L’apparence ne précédant pas l’esprit, elle ne fait pas sa loi instantanée parce que conditionnée. J’aime l’idée. Elle me fait penser à la frappante histoire de Cyrano de Bergerac qui a passé à côté de l’amour de sa vie, à ne pas assez faire confiance à ses mots d’esprit.
Ce ne fut pas pour autant une soirée de mots, non justement, il s’en était déjà tellement échangés, et depuis si longtemps, ce fut plutôt une soirée de regards. Une soirée où se voyait de l’assouvissement dans les yeux qui regardent la forme de l’autre pour s’en repaître. Réaliser que les quelques déguisements derrière les écrans en sont des heureux, des imaginatifs, où l’auteur d’un personnage dépasse son personnage. De voir s’articuler les auteurs de blogues, d’entendre leurs échos de voix résonner dans un joyeux brouhaha, m’a nourrie. D’un mouvement lent et concentré, le virtuel rejoignait le réel, et les deux s’unifiaient. S’unifiaient mes deux vies. Je me suis vue et vécue dans un seul morceau cette soirée-là.
Marsi était présent, lui qui navigue peu dans les eaux virtuelles, mais il était loin d’être le seul, je pense au conjoint d’helenablue, au conjoint de Maxime, à la conjointe de Christian Mistral. Ces fidèles compagnes, compagnons, j’ai cru les voir boire à même notre folie effervescente.
Bien entendu, je ne suis pas la première à parler de cette soirée mémorable, plutôt même la dernière ! Si vous êtes curieux de nous surprendre en pays de reconnaissance, de un, Christian a créé un montage avec les photos de Patrick Natier, conjoint d'helenablue qui, bien sûr nous entretient de son expérience québécoise de quatre jours avec verve et émotion. Eh là, là juste avant de mettre en ligne, je découvre un montage à la touche personnelle helenablue, un Carnet de voyage qui prend au coeur, illustre son propos et rejoint le mien.
Et bien évidemment à lire absolument les commentaires de Sandra Gordon par qui tout a commencé ...
Et continue !
* * *
Photos, regardez-y les yeux :
1. Sandra Gordon dédicace sous trois paires de yeux passionnés, ceux de sa soeurette, les miens et ceux de Maxime.
2. Christian Mistral, une tête au-dessus, l'oeil heureux !
3. helenablue, femme si comblée par une poutine, qu'elle s'en ferme les yeux (pour ne pas voir le gras j'imagine) !
4. Ces blogueuses ne s'étaient jamais vues : Mc Doodle et Sandra. Elles se dévorent des yeux.
5. Les yeux du si précieux photographe, Patrick Natier.