Deux chaînons manqués

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Par Toréador | octobre 21, 2010

Les trois erreurs de Nicolas Sarkozy. Tel est le sujet que m’a donné Sarkofrance en mai dernier - je réponds avec autant de retard car depuis plusieurs mois, WordPress ne me donnait pas les liens entrants (si au passage j’ai oublié une chaîne où vous m’aviez taggué, relancez-moi !). Or tout le monde (sauf OlivierSC comme on peut le lire ici) sait qu’ils sont nos yeux et nos oreilles.

Je ne devrais peut-être pas reprendre cet appel. Après tout, la blogroll de Sarkofrance semble oublier que je suis un blog vigilant. Et puis, implicitement, Sarkofrance me classe à droite* car il n’a posé ce sujet qu’à des spadassins de la Réaction. Indécrottable habitude de croire que Kiwis est un réseau néo-conservateur comme LHC. Enfin, passons…

Les trois principaux échecs, cher Sarkofrance (bon anniversaire), les voici :

Premièrement, Nicolas Sarkozy n’est pas parvenu à restaurer la « valeur travail ». On le voit quotidiennement aujourd’hui avec le débat sur les retraites : la vieille antienne marxiste du travail comme aliénation a encore de beaux restes puisque l’opinion publique persiste à voir la mise à la retraite comme une forme de sublimation sociale. Accessoirement, on pointera que l’affaire de l’EPAD, l’absence de volontarisme sur la suppression des 35 heures ou le recul sur la TVA sociale ont contribué à brouiller l’image du président de la République. Sarkozy a raté le coche de la libéralisation de l’économie française. Certes, sous son règne, on a beaucoup concassé les administrations, mais les règlements, eux, perdurent. A part le statut de l’auto-entrepreneur et le crédit d’impôt-recherche, créer de la valeur ajoutée en France reste toujours un chemin de croix.

Deuxièmement, le Président n’est pas arrivé à s’imposer dans sa fonction. Trois ans et demi plus tard, il est l’éternel candidat, qui fait des promesses mais ne les tient pas, si je vois ce que l’on pense autour de moi. Curieusement, on le voit comme superficiel et sur-communiquant alors qu’il a perdu la main depuis deux années sur le tempo médiatique et qu’il a tenu bon nombre de ses promesses de campagne. Contrairement à Chirac, la case « Il a dit/ Il a fait » sera souvent cochée en face de chaque sujet. Le problème est plutôt : a-t-il bien ou mal fait ?

Troisièmement, Sarkozy n’a pas restauré l’ordre public, comme il l’avait promis. Les banlieues sont toujours des ghettos, grâce à l’inactivité de Fadela Amara, et les minorités haineuses toujours là. Et aujourd’hui, face aux bloqueurs, on sent la main de l’Etat un peu empruntée.

Une fois ceci dit, je rebondis sur un autre tag oublié de l’ami Polluxe qui m’interrogeait dans une chaîne le 1er octobre : « Nous passons des heures à commenter l’actualité politique. A notre tour, pourrions-nous prendre des responsabilités électives ? ». La question est mal posée. On peut toujours être élu, la question est de savoir si on est fait pour ça. Je dirais pour ma part, oui mais pas n’importe où. Administrer le niveau local ne m’intéresserait guère par exemple. En revanche, je veux bien être votre Président. Aimez-moi, à genoux – je suis fou.

La question qui suit est : ferais-je mieux que mes prédécesseurs ? J’en doute. Plus va le temps, et moins je pense que pour réformer ce pays l’équation personnelle joue. Le drame des démocraties modernes est que tout le monde veut peser dans un système élaboré du temps où l’on pensait l’action politique dans le cadre de la démocratie représentative…En d’autres termes, le syndicaliste, le chômeur, l’épicier du coin, l’avocat au barreau de Paris, le blogueur du samedi, le bloqueur de semaine, la nonne, la femme voilée, le supporter du PSG, ma mère, vous, moi, eux, tout le monde se pense aussi légitime qu’un député pour déterminer les orientations de ce pays (ou qu’un sélectionneur de l’équipe de France pour recruter l’équipe du Mondial).

Je pense que c’est non seulement vaniteux, mais en plus contraire à l’esprit d’un régime démocratique.

* Pour info, d’après le sondage en ligne sur ma page « A propos », vous êtes 31% à penser la même chose. 11% me voient à l’extrême droite et 17% à l’extrême gauche ou anti-système. 19% me voient à Gauche.

Tags: chaînes, polluxe, Sarkofrance

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