Les Anges s’Habillent en Caillera

Publié le 21 octobre 2010 par Steph33

“Le beat tabasse les enceintes de ma caisse, Civilisé du groupe de rap Lunatic. La musique et les paroles qui tournent nous apaisent moi et mon poto, qui a livré des palettes toute la semaine. Yanis tire une ultime taffe sur son oinj pour oublier son taf et sa vie de chien en hass de chienne. Un nuage de fumée envahit l’habitacle de la petite citadine immatriculée dans le 93. Je pense à l’autre conne qui m’a rappelé. L’autre bolosse est restée sur le quai jusqu’à dix heures.

La bagnole trace à vive allure et slalome entre les voitures. Elle se dirige au lieu de rendez-vous des dalleux : la fameuse crêpe de la rue Montmartre. L’écho des basses résonne à l’extérieur où les touristes se promènent, accrochés à leur carte et leur guide du routard. Notre égo nous fait regarder de travers les autres conducteurs. Malgré les envies de baston de regard, la bonne humeur est palpable. C’est samedi soir sur Paname. On est dans notre élément, du son, du shit et des délires entre chiens de la casse qui mènent une vie à fond la caisse.

Je pilote sur les grands boulevards parisiens, façon GTA. Je suis le Prince de la ville. J’accélère, j’accélère… Sa mère ! Les lumières éclairent le bitume sec. La capitale la nuit, c’est ouf. Les enseignes de restauration s’affichent sous mon regard clair. Les immeubles au charme haussmannien, et les vitrines des boutiques de sapes. Je pense à mon cousin qui est derrière les barreaux à cette heure-ci. Je n’ai pas encore eu de ses nouvelles. Je rétrograde. Nos regards se portent sur la foule. Nous sommes arrivés à Paris Crêpes. Ici, c’est le rendez-vous des cailleras. Tu reconnais les mecs à leur plaque : Yvelines, Essonne, Hauts-de-Seine, Seine-Saint-Denis, Val-de-Marne et Val-d’Oise. La queue est longue, et la plupart des refrés sont foncedés, ou chauds, prêts à s’embrouiller. Y a que ça à faire le week-end. Les mecs restent enfermés toute la semaine dans leur bloc, au moment de sortir c’est tendu. Le scénario est souvent le même : un tapin et une crêpe. Le paki sert des crêpes balaises à ses clients tous vêtus de casquette et de survet. Je porte des sapes italiennes et j’ai la dégaine à Cristiano Ronaldo, pour ça que les meufs me kiffent. Mon pote s’habille en G-Star et croit qu’il va serrer soir ce. [...]”

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