A l’heure où les déficits et les gaspillages sont dans le collimateur de nos élus, il est de bon ton d’exorter les Français à faire des sacrifices, à se serrer la ceinture et à attendre les jours meilleurs. Sur le principe, cela semble une attitude plutôt saine et ne pose pas spécialement de problème. Encore faudrait-il que tout le monde s’y mette. Et nos élus dans tout ça ? Où en sont-ils ?
On ne le rappellera jamais assez : la France traîne un déficit de quelques 122 milliards d’euros et une dette s’acoquinant avec les 1500 milliards d’euros. Cette situation est le résultat de cinquante ans de gabegie généralisée, à tel point que la pratique semble être un sacerdoce pour tout ce qui s’encanaille, de près ou de loin, avec le pouvoir. Et nos élus, plus pressés de financer leur réélection que d’utiliser efficacement l’argent du contribuable, goûtent peu les joies de la cure d’amaigrissement.
Et quand ces mêmes élus nous demandent de faire des efforts, certains esprits chagrins et manifestement malintentionnés ont le mauvais goût de vouloir vérifier si députés et sénateurs montrent le bon exemple. A ce sujet, deux petits cas pratiques sont intéressants : retraites et IRFM.
LES IRFM, UN SYSTEME OPAQUE ET UNE ABSENCE DE CONTRÔLE
Que sont les IRFM ? Il s’agit d’un de ces délicieux acronymes dont nos énarques gardent jalousement le secret : Indemnités Représentatives de Frais de Mandat. En pratique, c’est une enveloppe budgétaire octroyée chaque mois à un élu afin de couvrir ses dépenses non prises en charge par l’Etat (entretien de la permanence, envoie de fleurs, invitation de personnalités au restaurant, etc.) et qui est versée sous la forme d’une avance sur frais. Cette enveloppe s’élève à 5 884,91 euros pour un député et 6 209,13 euros pour un sénateur. Précisons qu’elle s’ajoute au “salaire/indemnité” de l’élu qui cumule donc les IRFM et son salaire de parlementaire. Un salaire qui se monte à 5 261,01 euros mensuels nets pour les députés et 5 378,88 euros pour les sénateurs. Il nous faut préciser que ces sommes ne couvrent pas la rémunération des collaborateurs de nos élus. Pour ce faire, 9 093 € sont mis à disposition pour les députés, 7 203,8 € pour les sénateurs. Cette enveloppe supplémentaire permet notamment de couvrir la rémunération des collaborateurs, de bénéficier de l’accès gratuit à l’ensemble du réseau SNCF en 1re classe, du remboursement des forfaits de cinq lignes téléphoniques et d’un abonnement internet. Le président de l’Assemblée nationale reçoit, quant à lui, une indemnité propre de plus de 14 000 €. Et on s’étonne que la politique suscite des vocations…
Résumons donc pour un député :
Indemnité/salaire : 5 261,01 € nets/mois
+ IRFM : 5 884,91 € nets/mois
+ Enveloppe rémunération collaborateurs : 9 093 €
Indemnité/salaire : 5 378,88 € nets/mois
+ IRFM : 6 209,13 € nets/mois
+ Enveloppe rémunération collaborateurs : 7 203,80 €
Entendons-nous bien : ce n’est pas que nous ne faisions pas confiance à nos élus. Du tout, du tout ! Mais aux vues du caractère gourmand de ces sommes, on est un brin tenté de vouloir contrôler la façon dont elles sont dépensées. Des fois que certains prennent leurs aises…“Vous comprenez, les enfants avaient tellement envie d’une piscine”. Et c’est là que le bât blesse : les IRFM sont octroyés a priori à nos élus qui n’ont pas à justifier de l’utilisation qui est faite de cet argent. Comment donc être sûr que les sommes perçues au titre des IRFM sont bien utilisées dans le cadre de l’activité d’élu et non pour des besoins personnels ? De là à penser que les abus sont monnaie courante, il n’y a qu’un pas.
Cet argent étant celui des citoyens, l’association Contribuables Associés a saisi Bernard Accoyer, Président de l’Assemblée nationale, au sujet de cette absence de transparence, lui demandant à être reçue pour évoquer la question avec lui. La réponse de M. Accoyer fut la suivante : « Vos positions sur le sujet sont connues de mes collègues députés et de moi-même et je ne crois pas utile que nous nous rencontrions ». Sans se laisser démonter, la même association a souhaité interroger les élus eux-mêmes pour qu’ils s’expliquent à ce sujet. Les noms d’oiseaux n’ont pas tardé à fuser : “populistes”, “démago”, “vous faites le lit des extrêmes”. Cette absence de transparence est tout de même un peu fâcheuse au moment où l’on demande aux Français de travailler plus longtemps, de cotiser plus, de payer plus d’impôts, etc. On caresse alors doucement l’idée que nos gouvernants nous prennent un peu (beaucoup?) pour des pigeons.
Une pétition est ouverte pour demander plus de transparence à nos élus
Même les Suédois en parlent (fake) !
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CES ELUS QUI NE VEULENT PAS DE LA RETRAITE QU’ILS NOUS PREPARENT
Certains s’émouvront sans doute de la gestion pour le moins dilettante qui est faite parfois de l’argent public par ceux qui nous gouvernent. Rien de tel que l’actualité pour garder le sourire et trouver mille et un motifs de rigolade. Le débat sur les retraites semble fournir un réservoir inépuisable en la matière. Il y a bien sûr les méthodes syndicales de comptabilité du nombre de manifestants dans les manifestations. Moins connu, il y a ce petit amendement qui a été soumis au vote, bien discrètement et sans coup férir par les parlementaires. Que disait cet amendement ? Trois fois rien :
Nos concitoyens supportent de plus en plus difficilement l’idée selon laquelle leurs élus et représentants bénéficieraient, dans leurs rémunérations comme dans la gestion de leurs droits sociaux, de dispositions dérogatoires du droit commun. Les différents systèmes mis en place pour sécuriser l’exercice de responsabilités politiques demandent à être harmonisés, afin que l’ambition légitime de permettre à chacune et chacun de s’investir dans les affaires publiques ne soit plus perçue comme une tentative de créer ou laisser perdurer des privilèges indus.
Et stupeur ! On découvre que cet amendement a été…rejeté ! Cocasse non ? Vous me rétorquerez que ce n’est pas très rigolo de découvrir que ceux qui nous gouvernent sont des crapules, cupides et corrompues. Certes, mais vous conviendrez tout de même qu’il vaut mieux en rire que d’en pleurer.
Lorsque l’on regarde tout cela de près, on se dit finalement que la pêche, ça a du bon, surtout lorsqu’il y a des élections…
Source : Librement vôtre, le blog de Ben