Retraites et indem­ni­tés de nos élus : com­ment ça marche ?

Publié le 21 octobre 2010 par Lecriducontribuable

A l’heure où les défi­cits et les gas­pillages sont dans le col­li­ma­teur de nos élus, il est de bon ton d’exorter les Fran­çais à faire des sacri­fices, à se ser­rer la cein­ture et à attendre les jours meilleurs. Sur le prin­cipe, cela semble une atti­tude plu­tôt saine et ne pose pas spé­cia­le­ment de pro­blème. Encore faudrait-il que tout le monde s’y mette. Et nos élus dans tout ça ? Où en sont-ils ?

On ne le rap­pel­lera jamais assez : la France traîne un défi­cit de quelques 122 mil­liards d’euros et une dette s’acoquinant avec les 1500 mil­liards d’euros. Cette situa­tion est le résul­tat de cin­quante ans de gabe­gie géné­ra­li­sée, à tel point que la pra­tique semble être un sacer­doce pour tout ce qui s’encanaille, de près ou de loin, avec le pou­voir. Et nos élus, plus pres­sés de finan­cer leur réélec­tion que d’utiliser effi­ca­ce­ment l’argent du contri­buable, goûtent peu les joies de la cure d’amaigrissement.

Et quand ces mêmes élus nous demandent de faire des efforts, cer­tains esprits cha­grins et mani­fes­te­ment mal­in­ten­tion­nés ont le mau­vais goût de vou­loir véri­fier si dépu­tés et séna­teurs montrent le bon exemple. A ce sujet, deux petits cas pra­tiques sont inté­res­sants : retraites et IRFM.

LES IRFM, UN SYS­TEME OPAQUE ET UNE ABSENCE DE CONTRÔLE

Que sont les IRFM ? Il s’agit d’un de ces déli­cieux acro­nymes dont nos énarques gardent jalou­se­ment le secret : Indem­ni­tés Repré­sen­ta­tives de Frais de Man­dat. En pra­tique, c’est une enve­loppe bud­gé­taire octroyée chaque mois à un élu afin de cou­vrir ses dépenses non prises en charge par l’Etat (entre­tien de la per­ma­nence, envoie de fleurs, invi­ta­tion de per­son­na­li­tés au res­tau­rant, etc.) et qui est ver­sée sous la forme d’une avance sur frais. Cette enve­loppe s’élève à 5 884,91 euros pour un député et 6 209,13 euros pour un séna­teur. Pré­ci­sons qu’elle s’ajoute au “salaire/indemnité” de l’élu qui cumule donc les IRFM et son salaire de par­le­men­taire. Un salaire qui se monte à 5 261,01 euros men­suels nets pour les dépu­tés et 5 378,88 euros pour les séna­teurs. Il nous faut pré­ci­ser que ces sommes ne couvrent pas la rému­né­ra­tion des col­la­bo­ra­teurs de nos élus. Pour ce faire, 9 093 € sont mis à dis­po­si­tion pour les dépu­tés, 7 203,8 € pour les séna­teurs. Cette enve­loppe sup­plé­men­taire per­met notam­ment de cou­vrir la rému­né­ra­tion des col­la­bo­ra­teurs, de béné­fi­cier de l’accès gra­tuit à l’ensemble du réseau SNCF en 1re classe, du rem­bour­se­ment des for­faits de cinq lignes télé­pho­niques et d’un abon­ne­ment inter­net. Le pré­sident de l’Assemblée natio­nale reçoit, quant à lui, une indem­nité propre de plus de 14 000 €. Et on s’étonne que la poli­tique sus­cite des vocations…

Résu­mons donc pour un député :

Indemnité/salaire : 5 261,01 € nets/mois

+ IRFM : 5 884,91 € nets/mois

+ Enve­loppe rému­né­ra­tion col­la­bo­ra­teurs : 9 093 €

Pour un séna­teurs :

Indemnité/salaire : 5 378,88  € nets/mois

+ IRFM : 6 209,13 € nets/mois

+ Enve­loppe rému­né­ra­tion col­la­bo­ra­teurs : 7 203,80 €

Entendons-nous bien : ce n’est pas que nous ne fai­sions pas confiance à nos élus. Du tout, du tout ! Mais aux vues du carac­tère gour­mand de ces sommes, on est un brin tenté de vou­loir contrô­ler la façon dont elles sont dépen­sées. Des fois que cer­tains prennent leurs aises…“Vous com­pre­nez, les enfants avaient tel­le­ment envie d’une pis­cine”. Et c’est là que le bât blesse : les IRFM sont octroyés a priori à nos élus qui n’ont pas à jus­ti­fier de l’utilisation qui est faite de cet argent. Com­ment donc être sûr que les sommes per­çues au titre des IRFM sont bien uti­li­sées dans le cadre de l’activité d’élu et non pour des besoins per­son­nels ? De là à pen­ser que les abus sont mon­naie cou­rante, il n’y a qu’un pas.

Cet argent étant celui des citoyens, l’association Contri­buables Asso­ciés a saisi Ber­nard Accoyer, Pré­sident de l’Assemblée natio­nale, au sujet de cette absence de trans­pa­rence, lui deman­dant à être reçue pour évoquer la ques­tion avec lui. La réponse de M. Accoyer fut la sui­vante : « Vos posi­tions sur le sujet sont connues de mes col­lègues dépu­tés et de moi-même et je ne crois pas utile que nous nous ren­con­trions ». Sans se lais­ser démon­ter, la même asso­cia­tion a sou­haité inter­ro­ger les élus eux-mêmes pour qu’ils s’expliquent à ce sujet. Les noms d’oiseaux n’ont pas tardé à fuser : “popu­listes”, “démago”, “vous faites le lit des extrêmes”. Cette absence de trans­pa­rence est tout de même un peu fâcheuse au moment où l’on demande aux Fran­çais de tra­vailler plus long­temps, de coti­ser plus, de payer plus d’impôts, etc. On caresse alors dou­ce­ment l’idée que nos gou­ver­nants nous prennent un peu (beau­coup?) pour des pigeons.

Une péti­tion est ouverte pour deman­der plus de trans­pa­rence à nos élus

Même les Sué­dois en parlent (fake) !

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CES ELUS QUI NE VEULENT PAS DE LA RETRAITE QU’ILS NOUS PREPARENT

Cer­tains s’émouvront sans doute de la ges­tion pour le moins dilet­tante qui est faite par­fois de l’argent public par ceux qui nous gou­vernent. Rien de tel que l’actualité pour gar­der le sou­rire et trou­ver mille et un motifs de rigo­lade. Le débat sur les retraites semble four­nir un réser­voir inépui­sable en la matière. Il y a bien sûr les méthodes syn­di­cales de comp­ta­bi­lité du nombre de mani­fes­tants dans les mani­fes­ta­tions. Moins connu, il y a ce petit amen­de­ment qui a été sou­mis au vote, bien dis­crè­te­ment et sans coup férir par les par­le­men­taires. Que disait cet amen­de­ment ? Trois fois rien :

Nos conci­toyens sup­portent de plus en plus dif­fi­ci­le­ment l’idée selon laquelle leurs élus et repré­sen­tants béné­fi­cie­raient, dans leurs rému­né­ra­tions comme dans la ges­tion de leurs droits sociaux, de dis­po­si­tions déro­ga­toires du droit com­mun. Les dif­fé­rents sys­tèmes mis en place pour sécu­ri­ser l’exercice de res­pon­sa­bi­li­tés poli­tiques demandent à être har­mo­ni­sés, afin que l’ambition légi­time de per­mettre à cha­cune et cha­cun de s’investir dans les affaires publiques ne soit plus per­çue comme une ten­ta­tive de créer ou lais­ser per­du­rer des pri­vi­lèges indus.

Et stu­peur ! On découvre que cet amen­de­ment a été…rejeté ! Cocasse non ? Vous me rétor­que­rez que ce n’est pas très rigolo de décou­vrir que ceux qui nous gou­vernent sont des cra­pules, cupides et cor­rom­pues. Certes, mais vous convien­drez tout de même qu’il vaut mieux en rire que d’en pleurer.

Lorsque l’on regarde tout cela de près, on se dit fina­le­ment que la pêche, ça a du bon, sur­tout lorsqu’il y a des élections…

Source : Librement vôtre, le blog de Ben