Hier, j’ai payé US$ 2,99 pour télécharger un épisode de la série Entourage sur iTunes. Il y a plus d’un an, on aurait facturé ma carte de crédit US$ 3,88. Le dollar canadien valait moins. Aujourd’hui, ma facture sera d’environ US$ 2,99. Car notre dollar vaut presque autant que le dollar américain.
Quand notre monnaie s’apprécie face à celle des autres pays, nous devenons plus riches. C’est comme si notre chèque de paye augmentait d’un coup.
Les politiciens, eux, croient le contraire. En ce moment, les gouvernements de la planète se livrent une « guerre des devises ». Ils impriment des tonnes de billets dans l’espoir que ceux-ci perdent de la valeur par rapport à la monnaie de leurs voisins. C’est la plus ridicule des guerres. Celle où on gagne en se tirant dessus.
Pourquoi ? Selon les médias, les gouvernements veulent aider leurs entreprises exportatrices. Quand vous vendez en dollars canadiens, si celui-ci baisse votre produit devient moins cher – et plus attrayant – pour les acheteurs étrangers. C’est peut-être une raison valable pour certains pays comme la Chine, dont l’économie dépend fortement des exportations. (Même si plusieurs pays, comme l’Allemagne ou la Suisse, ont démontré qu’on pouvait tirer son épingle du jeu dans le commerce international en possédant une devise forte.)
Mais pour plusieurs pays d’Occident, la véritable raison se trouve ailleurs. Aux États-Unis par exemple, les exportations comptent pour seulement 12 % du PIB. Pourquoi appauvrir les citoyens pour si peu ? Bien sûr, on cherche (futilement) à relancer l’économie. Mais il y a autre chose : si le gouvernement américain confisquait demain matin chaque dollar que possèdent tous ses citoyens, il lui manquerait encore US$ 12 000 milliards pour rembourser ses dettes et honorer ses promesses à l’égard des futurs retraités, selon l’ancien contrôleur général du pays, David Walker. Les États-Unis traînent une dette gigantesque, qu’ils ne rembourseront jamais. Mais pourquoi faire faillite ? Ils n’ont qu’à réduire la valeur du dollar américain en imprimant des billets à la tonne – ce que les médias appellent des « assouplissements quantitatifs » –, et une partie de leur dette s’effacera comme par magie. Quand vous réduisez la valeur de ce que vous devez, vous réduisez votre dette.
Cette solution aiderait aussi le Japon, pays le plus endetté de la planète. Ou la Grande-Bretagne, qui patauge dans les déficits.
À entendre les gens qui nous dirigent, nous deviendrons plus riches en étant plus pauvres, en bradant le fruit de notre travail. De là cette « guerre des devises ». Mais sous cette rhétorique absurde se cache un autre motif : de nombreux États vont chercher, dans les années qui viennent, à faire faillite en douce.