Apocalypse routière et pénurie d'essence

Publié le 21 octobre 2010 par Antoine Dubuquoy

Carbeo.com donne la liste des stations-service encore approvisionnées. Les flics campent à côté des stations pour réguler le trafic, calmer les ardeurs viriles d'automobilistes exaltés par la vision de la jauge d'essence proche du niveau zéro. Les membres du gouvernement, terré au chaud dans ses ministères, lancent des messages rassurants, posture commode du déni. Au plus haut de l'Etat, la dialectique est mâle et testostéronée. La réforme, oui, la chienlit, non. Les dépôts de carburants seront débloqués par la force.

L'essence se fait rare. Les blocages se multiplient. Des barrages routiers coupent les voies d'accès des centres d'approvisionnement. Enchevêtrement de remorques-citernes vides, garées en travers des routes. Vides d'occupants. Des braseros, ça et là. Des routiers, des vigiles, armés de battes de baseball attendent dans le froid automnal un assaut des forces de l'ordre appuyées par l'armée. Question de moyens. Il faut du lourd. De l'efficace. 

La production des raffineries est arrêtée. Faute de personnel. Les grévistes ont fait entendre raison aux plus circonspects. La barre de fer est un argument psychologique convainquant. Dans Paris, les avenues sont quasi-désertes. Le périphériques est clairsemé. Garées sur les côté, les véhicules en panne, que les dépanneurs ont renoncé à remorquer, submergés par la demande.

L'ex automobiliste se rend à pied au bureau. Pour se ravitailler, il est maintenant piéton. Il se rend au supermarché du coin. Il rentre chez lui en poussant son caddie bourré à bloc, qu'il abandonne au pied de son immeuble. Epave urbaine. Une de plus au milieu des détritus et sacs poubelles que les services de la voirie de ramassent même plus. Les personnels sont en grève. L'essence manque. Les camions sont bloqués au dépôt, de toute façon. Le piéton stocke la nourriture. Car les rayons se vident. 

Le piéton s'emmerde. Il a réduit son périmètre de déplacements. Les rares voitures qui circulent sont caillassées. Tout devient projectile. Tout ce qui bouge devient cible.

Les semaines passent.

[...]

Seuls circulent les véhicules de l'armée. Ceux des forces de l'ordre. Il faut tenir. Le Président réfugié au Cap Nègre se tait. Les bandes s'entre-tuent dans les banlieues des métropoles pour quelques hectares de territoire et une des dernières stations-service.

On reste chez soi. De toutes façons c'est l'hiver. 

On relit La Route de Cormack McCarthy  et on se passe Mad Max en boucle pour se ruiner définitivement le moral.

(Crédits photo: (c) Midnight Digital)

Enjoy!