Communiqué du Front Hétérosexuel d'Action Révolutionnaire

Publié le 20 octobre 2010 par Francisbf

Le langage réflète le monde dans lequel on vit. C'est un fait indiscuté et indiscutable. Prenez les esquimaux, ils ont 90 mots pour dire « neige ». Les italiens, ils en ont je ne sais combien pour dire « nouilles ».

Nous, on en a un paquet pour dire « homosexuels » : gay, lope, lopette, tante, tantouze, pédé, fiotte, pédale, bougre, de la jaquette, inverti, pédéraste, sodomite, folle, tapette, tafiole d'un côté, et gouine, camionneuse, brouteuse, anandryne, fricatrice, gougnotte, goulue, saphiste, tribade, uranienne, de l'autre côté, et j'en oublie.

Par contre, pour dire « hétéro », on n'en a qu'un. Pourquoi ? On est pas moins bien qu'eux, on a juste des préférences pour des orifices différents, même pas en moins grand nombre, mais non, un seul mot nous est attribué. On est la majorité invisible. Ce qui n'est pas nommé n'existe pas.

Ca veut bien dire ce que ça veut dire, cette situation. Les hétéros, dans notre monde, ont à peine droit de cité. Tenez, on n'a même pas droit à un qualificatif, alors que le pédé est généralement un « gros pédé », la gouine une « grosse gouine », la folle une « grande folle ». Gros et grand : difficile de trouver plus flatteur pour des termes se rapportant à la sexualité. La supériorité de l'homosexualité dans le langage est bien affirmée. On peut même faire preuve d'une « homosexualité flamboyante ». On n'a jamais vu d' « hétéro flamboyant ».

C'est un fait : notre langue a entériné la domination de l'homosexualité. C'en est passé dans les moeurs. Ce qu'on passe à un homosexuel, on le reprocherait à un hétérosexuel, notamment en matière d'habillement. Les homosexuels peuvent s'habiller en cuir ou en robe ou même en salopette, on trouve ça normal, alors que pour un homme hétéro, c'est considéré comme déviant ou ringard. Et si j'ai envie de mettre une salopette, moi ? Bé  non, je peux pas. On me montrera du doigt dans la rue. Sauf si j'ai un homme à mon bras.

On est un peu dans une situation à la Harry Potter : les hétérosexuels sont les Moldus de la sexualité. Fades, tristes et inintéressants, tout ça parce que les homosexuels ont leur prostate magique. (d'ailleurs, lisez Harry Potter : qui est le sorcier le plus puissant ? Dumbledore, un homosexuel).

Moi, ça me fait enrager. Que n'ai-je eu le privilège de vivre ce rite de passage, celui d'annoncer à mes parents : « papa... maman... j'ai une grande nouvelle... Je suis pédé ! ». Voir mon père exulter « pédé ! Je le savais ! J'ai toujours su que tu avais ça en toi, mon fils !», ma mère en larmes... Mais non. Je suis désespérément hétéro.

Et bon sang, que d'avantages on perd. Parce qu'ils en ont un tas d'autres, il ne faudrait pas croire que ça se cantonne aux fringues : ils peuvent se rouler des pelles entre personnes du même sexe, c'est normal, pour un hétérosexuel, c'est mal vu ; ils ont des rayons dédiés dans certaines bibliothèques (alors que vous pouvez toujours demander à un bibliothécaire où se trouve son rayon de littérature hétérosexuelle, il vous rira au nez) ; ils ont une marche des fiertés homosexuelles dont le pendant hétéro n'existe bien sûr pas, j'en passe et des meilleures. Dans certains pays, ils sont même dispensés d'armée. Interdits d'aller se faire tuer au front. On voit de qui l'Etat prend soin.

C'est d'une injustice criante. Tenez, pire encore : c'est aux hétérosexuels qu'on confie le devoir de perpétuer l'espèce, c'est à dire d'enregistrer officiellement son couple, de faire des mômes (en se tapant la grossesse, et d'avoir à supporter la femme en cloque), et pire, s'en occuper, les torcher, ne pas les laisser devant la télé, tout ça. Et qu'un homosexuel se propose pour élever des gosses, on lui dit non, ça va, vous donnez pas cette peine, on s'en occupe, on est assez nombreux comme ça vous en faites pas. Genre ils sont trop bien pour faire des gosses ou quoi. Indécent.

C'est pourquoi je réclame l'égalité de traitement. Y'en a assez d'être la majorité silencieuse, celle qui n'a rien à dire et se tape toutes les corvées de l'espèce !

PS : merci Charline pour la leçon de vocabulaire !