A quoi reconnaît-on un faux restaurateur ? Jusqu’au 1er janvier 2008, à rien. En 2007, il vous a accueilli avec un grand sourire, vous a tendu une jolie carte bien
imprimée sur laquelle vous avez pu choisir le plat du jour, tenez, ce jour-là, des aiguillettes de canard au poivre vert. Et c’est parti pour les aiguillettes, sauf que le canard avait été
préparé trois mois plus tôt à mille kilomètres de là dans les cuisines d’une société industrielle, qu’il avait été congelé, et réchauffé deux minutes avant de vous être servi comme tout frais
tout neuf. Les vrais restaurateurs, ceux qui se lèvent à l’aube pour choisir au marché le canard du jour ont fini par cancaner. D’accord, leur a dit en janvier 2007 le ministre Renaud Dutreil,
nous allons vous gratifier d’un label de « Maître restaurateur ». Un label, c’est bien beau, mais encore faut-il que le décret
l’instaurant soit publié. C’est ainsi que l’année s’est passée, les vrais restaurateurs attendant leur label le canard sous le bras, les faux restaurateurs réchauffant des aiguillettes dans le
mirco-ondes. A la rentrée, la profession n’y croyait plus quand – miracle !- le 14 septembre 2007 le décret n° 2007-1359 fixant le titre de « Maître
restaurateur » est paru au Journal Officiel. Pour en bénéficier, les vrais restaurateurs ont quand même dû encore patienter jusqu’au 1er janvier 2008. Désormais, pour être
vrai restaurateur il faut avoir 5 ans d'expérience et posséder un BEP ou un CAP de cuisinier, ou 10 années d'expérience dans la restauration, ou 5 années en tant que dirigeant d'établissement,
mais en étant accompagné d'un cuisinier dûment diplômé. Et si le cuisinier s'en va ? Il faut le remplacer ! Il faut aussi que 80% de la nourriture servie soit préparée en cuisine. 20 000
restaurants seulement sur les 100 000 existants devraient bénéficier immédiatement de ce label. C’est dire toutes les aiguillettes réchauffées qu’on nous a faites avaler.
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