THE INTRUDER de Thanadol Nualsuth and Thammanoon Sakulbunthanom

De l’américain Snakes on a plane de David R. Ellis, autre film de serpents, The Intruder en a gardé le lieu unique (l’avion remplacé par un immeuble de Bangkok) et le fun. Pour le reste, ce survival animalier- à la sauce thaï- se démarque surtout par sa théâtralité affirmée, au niveau du montage (efficace), du son (musique grandiloquente) et du scénario (crescendo cruel sur la méchanceté humaine). In fine, les protagonistes ne sont pas plus malins que le rat sacrifié du générique : sournois, gibiers, impuissants. Une symbolique en préambule qui annonce la couleur et les débordements à venir : l’homme comme animal, prêt à tout pour survivre ; tout aussi intelligent qu’individualiste. Cette course au succès (survivre, faire du profit, échapper aux bébêtes), les deux cinéastes thaïlandais l’amènent avec suffisamment d’entrain et de suite dans les idées pour convaincre, tant par leur style (cette caméra qui rampe et se faufile pour présenter les personnages, ce rythme fou qui ne faiblit pas une seconde) que par leur capacité à saisir des problématiques intéressantes (le groupe qui se délite face à l’instinct de survie) ou contemporaines (la toute puissance du média). L’Asie, très forte côté film de genre, livre alors une variation agressive et ludique autour de la survie en milieu hostile, baignée dans un folklore symbolique (le serpent en incarnation diabolique du péché et de la cupidité) et une foule de paradoxes qui donnent au film des teintes nuancées bienvenues, entre action et émotion, sérieux et détachement, emphase et ingéniosité.