Publié aux Editions PrivéSortie en octobre 2010
Pages : 331
Quatrième de couverture.
Princesse Soso, qui rêvait d'être trapéziste ou éleveur de bisounours, est finalement devenue professeur d'anglais. Catapultée dans un collège de campagne, elle se retrouve quand même en plein cirque, aux premières loges pour étudier le jeune, cet être mystérieux et fascinant, et tout son entourage...Chaque année, ça recommence ! Un an à jongler entre ceux qui aiment s'entretuer à coups de compas, ceux pour qui l'école est une annexe de Meetic et les Choupi-trop-mignons. Un an de rires, de larmes et d'incompréhension mutuelle, auxquelles participent les parents et le personnel de l'Education nationale. Un an où tout le monde dira encore que les profs sont des feignasses-tortionnaires-payés-à-rien-foutre-toujours-en-vacances-ces-lopettes ! Une année scolaire d'émotions, de critiques du système et de coups de colère, décrits dans ces pages avec un humour corrosif.Le collège est une jungle. Voici le backstage pour découvrir l'envers du décor. BONNE RENTRÉE !
Mon avis.
Quand les Éditions Privé m'ont proposé la lecture de ce livre, j'ai immédiatement accepté en me disant que j'allais passer un agréable moment de franche rigolade en découvrant la vie d'une enseignante dans le monde de djeun's qu'on connaît aujourd'hui...
Parce que sans vouloir poser d'a priori négatif sur la jeunesse et encore moins mettre tous les jeunes dans le même sac, il faut reconnaître que les ados d'aujourd'hui ne ressemblent plus vraiment aux ados qu'on a été et encore moins aux ados qu'on été nos parents...Normal, vous me direz, les mentalités changent avec les générations.Oui, mais voilà, le problème des ados d'aujourd'hui (et franchement j'ai peur de voir arriver la prochaine génération, même que j'en tremble déjà), des valeurs comme respect des autres, travail, assiduité au cours, ils ne connaissent plus...
Quand j'ai ouvert les Chroniques d'une prof qui en saigne, je m'attendais vraiment à ce type de portraits : des jeunes complètement hors circuit qui n'ont rien à foutre de l'école pour la plupart, des ados qui doivent se prendre en charge et pour lesquels les parents sont totalement démissionnaires ou absents,... Malheureusement, les Choupis vraiment adorables qui ont réellement envie d'aller à l'école pour apprendre quelque chose sont une espèce en voie de disparition.
Ce livre, bien qu'il m'ait amusé par les anecdotes qu'il recèle (il faut l'avouer, Princesse Soso a un réel talent pour raconter ces anecdotes), m'a vraiment mis en rogne.Étant moi-même confronté au problème de délinquance chez les jeunes voir de complet décrochage scolaire avec mon boulot d'avocat (assister les mineurs lors des audiences fait partie du travail de tous les jours pour un jeune avocat), j'ai vraiment retrouvé l'analyse de la société actuelle navrante et alarmante que j'ai pu moi-même constaté au fil de mes premières années dans le métier.
Premier constat (le plus grave et le plus triste) : des parents à la ramasse, démissionnaires, absents ou complètement inconscients de la situation de leur cher bambin.Des parents qui ne voient pas le mal à ce que leur cher tête blonde n'aille pas à l'école... ça, je connais ! Je trouve même complètement pathétique les parents qui viennent devant le Juge de la Jeunesse chargé de statuer sur le cas de leur gamin lâcher sans honte à la Juge que eux non plus n'allaient pas à l'école et s'en sont très bien sortis dans la vie ou encore raconter comment eux séchaient les cours en sortant du bus quelques arrêts après y être montés ! Franchement pas intelligent, hein ?Des parents qui refusent que leur petit chou soit puni et le font savoir... c'est vrai qu'avec des points de vue entre profs et parents qui s'affrontent, comment voulez-vous que des gosses sachent à quoi s'en tenir !
Second constat : Comme le dit si habilement Princesse Soso, de plus en plus les moyens mis à la disposition des écoles - que ce soit en matériel ou en personne - sont bien inférieurs aux besoins réels. Sous prétexte d'économies budgétaires, on engage moins de professeurs, on réduit le nombre de classes,... et avec un projecteur pour toute une école, que voulez-vous donner cours dans des conditions optimales !Il est vrai que depuis quelques années, la crise est là, mais faut-il couper le budget là où on en a le plus besoin ? Parce que bon, il faut quand même bien se dire que ces gamins qui apprennent aujourd'hui seront les dirigeants de demain et que si on ne met pas les moyens nécessaires à leur formation, on risque de s'enfoncer de plus en plus dans un monde d'assistés incapables de s'auto-gérer...
Cela dit, pour en revenir au livre en lui-même, j'ai adoré... d'ailleurs je l'ai lu en à peine deux jours tellement je le trouvais bien écrit, amusant - voire vraiment drôle et hyper intéressant.Bien vite, on comprendra que Princesse Soso est en fait une passionnée de son métier, qu'elle aime vraiment enseigner et qu'elle a vraiment envie d'apprendre des choses à ces chères petites têtes blondes.Sous son côté "je-critique-beaucoup", on sent vraiment qu'elle en a marre de travailler dans de telles conditions, dans un environnement où les élèves ne sont pas mis en valeur (les classes plus difficiles ont un nombre d'étudiants trop important et il est impossible d'apporter un cadre d'apprentissage individuel à chaque élève), où les autorités trouvent des idées en totale inadéquation avec la réalité du boulot et où les parents s'en foutent...Bref, pas facile d'être prof à l'heure actuelle ! Ça je le savais déjà, mais ce livre confirme et me conforte dans ma position face à une société de plus en plus à la dérive...
Ce que je retiens de ma lecture :
- Le plus : des bons moments anecdotiques et une vision de la vie enseignante par une passionnée, ce qui est rare aujourd'hui.
- Le moins : des termes pas facilement accessibles quand on est en dehors du jargon et encore plus quand le jargon diffère du jargon belge !
- La note : 8.5/10
Je remercie Camille pour m'avoir fait découvrir ce roman publié aux Éditions Privé (sortie le 21.10.2010).