Les séries policières handicapent la justice américaine

Publié le 20 octobre 2010 par Sébastien Michel
On apprend énormément de choses en regardant des programmes comme NCIS, la série des Law and order, les Experts-CSI ou encore Preuve à l'appui. A tel point qu'en France, on est plus calé en matière de lois américaines que françaises. Il faut dire que malgré les succès d'audience de Julie Lescaut, Une femme d'honneur, Navarro ou la énième diffusion de Derrick (paix à son âme) l'accent est plus porté en France sur le côté humain que sur la technique et la procédure. Et puis Las Vegas ou New York, c'est un peu plus glamour que la région parisienne.
Le problème donc, c'est que lors d'une fouille chez un particulier, celui-ci demande régulièrement un mandat de perquisition, chose qui n'existe pas Alors, sommes nous à l'abris de ce phénomène de plus en plus problématique aux États-unis : l'influence des séries télé sur les jurés américains ?

Habitués aux méthodes scientifiques sophistiquées utilisées dans les séries policières, le quidam américain, qui se retrouve juré, a du mal à se satisfaire des éléments ordinaires présentés par les procureurs. C'est ce qu'on appelle l'effet CSI. Le procureur fédéral en Alabama Alice Martin lui attribuait partiellement son échec dans le procès perdu contre Richard Scrushy, fondateur de l'entreprise HealthSouth Corp, poursuivi pour fraudes boursières et manipulations des documents comptables de son groupe spécialisé dans la santé. Son acquittement avait été analysé comme un revers pour la justice fédérale dans sa lutte contre les malversations dans le monde de l'entreprise. Certains des jurés ont expliqué qu'ils avaient besoin d'empreintes digitales sur des documents ou d'entendre Scrushy prononcer le mot fraude sur une cassette audio enregistré à son insu par un ancien cadre dirigeant de l'entreprise. Tout ça parce qu'il y a toujours des empreintes digitales à la télévision !
David Anders, procureur adjoint à Manhattan, confirmait : "L'effet CSI ne nous réjouit pas. Dans ce genre d'affaires, les procureurs étayent généralement leurs accusations par des preuves arides" (échanges volumineux de courriers électroniques, documents comptables complexes...). Il précisait que rares sont les procès de ce type qui ressemblent aux affaires scénarisées dans CSI et consoeurs, où les enquêteurs sont des experts suréquipés de la police scientifique capables de reconstituer des meurtres sur la seule base de traces de sang relevées sur les lieux du crime.
La justice américain se doit donc de garder à l'esprit que les jurés sont largement influencés par ce qu'ils voient à la télévision. Les jurés d'aujourd'hui, principalement les jeunes d'une 20aine ou 30aine d'année qui ont grandi avec la télé, attendent de la vivacité et des éléments qu'ils puissent voir.