Synopsis :
A la suite d'un événement bouleversant, une bande de copains décide, malgré tout, de partir en vacances au bord de la mer comme chaque année. Leur amitié, leurs certitudes, leur culpabilité, leurs amours en seront ébranlées. Ils vont enfin devoir lever les "petits mouchoirs" qu'ils ont posés sur leurs secrets et leurs mensonges.
Critique :
Lorsque l’on demande à Gilles Lellouche, François Berléand ou François Cluzet, Guillaume Canet est LE réalisateur français de l’avenir. Un concentré de talent passé de l’autre coté de la barrière pour non plus interpréter le rôle des autres, mais diriger les rôles créé. Avec Mon Idole, il marquait les esprits par une prise de risques notoire. Avec Ne le dis à personne, adaptation du best-seller éponyme, il confirmait son talent de metteur en scène et décrochait la même année la consécration lors des Césars. Canet était donc attendu, non pas au tournant, mais attendu pour son nouveau film Les Petits Mouchoirs, sorte de Inception à la française en matière de superstars au casting. Lellouche, Dujardin, Cotillard, Cluzet, Monnot et j’en passe… autant dire qu’avec tous ces arguments de son coté, Les Petits Mouchoirs ne pouvait que susciter l’attente...
Revendiqué comme étant un « film de potes », ce qu’il est, Les Petits Mouchoirs s’inscrit dans la parfaite tradition des films chorales où l’on suit tour à tour mais de manière indépendante les différents protagonistes de l’histoire. Petits problèmes, mensonges, malaises ancrés plus profondément, autant de sentiments et de ressentis qui vont émerger de retrouvailles en vacances, après que l’un des leurs se soit retrouvé à l’hôpital suite à un accident. Les petits mouchoirs se lèveront un à un, dévoilant les vraies personnalités de chacun sous les apparences parfois trompeuses. Des apparences trompeuses mais finalement très stéréotypées lorsqu’on les regarde d’un peu plus près et de manière isolée… Chacun des personnages répondant en effet à une personnalité un peu caricaturale à laquelle il est souvent complexe de s’identifier, créant de fait une distance entre les spectateurs et les membres de cette joyeuse bande de copains.
Si le pitch est donc assez simple, le traitement l’est malheureusement beaucoup moins. Guillaume Canet étire son film en longueur (2h25), enchainant situations de vies plus ou moins comiques, improbables, ou tristement communes avec les nôtres sans pour autant arriver à donner une vraie dynamique à l’ensemble. On suit avec intérêt l’évolution de ce petit comité tout en ne comprenant pas bien là où l’on nous emmène. Si la première heure et demie se voit rythmer par de nombreux rires provoquées par des répliques souvent bien vues, la dernière n’arrivera pas à renouveler la dynamique et provoquera malheureusement un début de soupir qui ne sera pas freiné jusqu’au final. Et c’est peut-être là le soucis majeur du film, d’essayer de faire croire à l’originalité alors que finalement, nous restons dans un schéma ultra classique avec des personnages clichés, drôles certes, mais formatés.
Les Petits Mouchoirs est sans nul doute le film le plus personnel de Guillaume Canet et cela se ressent. Pas autobiographique, pas fictionnel à 100% non plus, il se place à égale distance de ces deux opposés, quitte à perdre parfois les spectateurs qui essaieront d’interpréter les différents messages évoqués. Canet tente à plusieurs reprises de partir de son expérience passée pour projeter une situation qu’il espère universelle afin de rassembler, mais force est constater que beaucoup resteront hermétiques à ces scènes de vies. Sans aller à l’extrême, Les petits mouchoirs donnent parfois le sentiment d’être un film de vacance extrêmement bien filmé, bien monté mais très ou trop moralisateur. En essayant de jouer la carte « je ne donne pas de leçon », Canet en donne quand même pour conduire vers un final que l’on anticipe trop rapidement. Un final poussif renvoyant semble-t-il directement à sa propre histoire mais qui ne saura pas toucher tout le monde avec la même force émotionnelle…
Bourré de qualités artistiques, généreux dans les répliques marquantes, et très empathique du fait de son casting, il sait aussi montrer désagréable en raison de longueurs bien trop évidentes et d’un manque de but assez criant. Mi figue mi raisin comme dirait l’autre, voilà une bonne synthèse pour ce gentil film bien anecdotique dans la carrière du réalisateur malgré l’investissement personnel évident.
On en attendait plus…
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Ci-dessous, d'autres photos de l'avant-première Allociné en présence de Guillaume Canet et Gilles Lelouches. Vous pouvez également retrouver la série complète et en HD sur notre album flickR. Enjoy !