Magazine Afrique

Les démêlées de Madilu System avec la famille Luambo

Publié le 20 octobre 2010 par Africahit

Un dimanche à Bruxelles, à l’occasion d’une partie de football entre Congolais, Gas, beau-fils du Grand Maître Franco, prend violemment à partie Madilu System. Grief : le chanteur répandrait des rumeurs malveillantes sur la maladie de Luambo. L’incident est rapidement clos.

Aux côtés du Grand Maître Luambo Makiadi Franco après le succès avec Bakuba Mayopi et des déboires au sein de l’Afrisa International de Tabu Ley, le chanteur Madilu System a connu une carrière des plus réussies.Mais, tout n’a pas été que rose pour le Grand Ninja. Peu avant et après la mort de Franco, Madilu a eu des démêlés avec la famille de son patron, Luambo Makiadi. Récit.Un dimanche à Bruxelles, à l’occasion d’une partie de football entre Congolais, Gas, beau-fils du Grand Maître Franco, prend violemment à partie Madilu System.Grief: le chanteur répandrait des rumeurs malveillantes sur la maladie de Luambo. L’incident est rapidement clos.Mais, chez les Luambo, l’antipathie à l’endroit du Grand Ninja monte, monte.Personna non grata12 octobre 1989, début d’après midi. Comme un coup de tonnerre dans un ciel serein, la nouvelle fait le tour du monde. Luambo Makiadi est mort à Namur, en Belgique. Emoi au pays mais, l’on doit se résoudre à accepter la fatalité.Kinshasa en habit de deuil attend de réserver des funérailles historiques à l’enfant terrible de la chanson congolaise, Franco de Mi Amor.Quelques jours après, tout le gotha politique et culturel du pays, auquel s’associent des dizaines de milliers de Congolais en pleurs, est à l’aéroport international de Ndjili pour accueillir la dépouille mortelle de l’illustre disparu.A la descente de l’avion, la dépouille mortelle est accompagné de quelques musiciens du TP OK Jazz parmi lesquels l’autre proche du guitariste décédé, Makonko Kindudi alias Makos.Point de Madilu, que tous attendaient. On a beau écarquiller les yeux...Passées les funérailles, la famille Luambo bannit le chanteur Madilu System. Quand ce dernier, plusieurs semaines après, met les pieds à Kinshasa, il est désormais indésirable au sein du TP OK Jazz.Verdict de la « dame de fer » Marie- Louise Akangana alias Malou, imposante sœur cadette du Grand Maître Franca.Au grand dam de Lutumba Simaro, désempare. L’affaire divisera la presse, dont une frange plaidera pour la réhabilitation de Madilu System tandis qu’une autre s’emploiera à accabler le chanteur.Mais, de guerre lasse, Malou Akangana baissera pavillon. Elle annoncera sa décision au cours d’une réunion convoquée à la résidence de feu Luambo Makiadi avenue de la Poste, 12ème Rue Limete, quartier résidentiel.Se retrouvent cette nuit-là autour de Marie Louise, Lutumba Simaro, Massamba ma Yesse et d’autres proches du défunt patron du TP OK Jazz.Madilu System est là, manifestement timoré, en face de Marie- Louise Akangana. La très charismatique Mabau s’adresse, péremptoire, au Grand Ninja: « Tu disais que Franco était ton père. Je ne m’explique pas, alors, que tu as été absent à ses obsèques à Kinshasa. Je concède à te laisser poursuivre la carrière au sein du TP OK Jazz. Mais à une condition  tu dois demander pardon à Franco devant sa tombe au cimetière de la Gombe. La séance est levée ».Le lendemain, avec tout le groupe de la veille, Madilu exécute pieusement la recommandation de Marie-Louise Akangana.Outre le pardon, Madilu chante à l’intention de son patron disparu « Sadou », une chanson que Franco de son vivant aimait bien. L’incident est définitivement clos.Re-bonjour, le succèsReprenant sa place au sein du TP OK Jazz, Madilu connait encore un succès éclatant. Avec des titres comme « Eau bénite », « Daty Pétrole », « Ofela »... de Lutumba Simaro et « Destin », sa propre composition qu’il interprète avec maestria, l’étoile du Grand Ninja brille de mille feux et un zèle plutôt de mauvais aloi gagne le chanteur.Il se vante à l’envie d’être la super star de l’orchestre, se présente aux concerts après tout le monde, le président du groupe Lutumba Simaro y compris.Les propos désobligeants du Grand Ninja tenus ça et là dans la ville à l’endroit de ses collègues sont rapportés au TP OK Jazz. Madilu commence à déranger.Autour de Lutumba Simaro, on s’interroge et on fait l’observation « De tout temps, le TP OK Jazz s’est nourri du succès de ses vedettes, chacune de celles-ci à leurs époques respectives. C’était le cas avec Mujos, Kwamy, Longomba, Youlou, Ntesa Dalienst, Pépé Ndombe, Josky Kiambukuta. Mais jamais le succès d’un de ses musiciens n’avait tant indisposé les autres au sein de l’orchestre ».Quand Madilu, fin 1992, voyage pour des concerts à Mbuji Mayi entrainant dans son sillage « Franco Mongo »,guitariste recruté pour jouer au micro le rôle de Luambo, cela sans s’en référer au président Lutumba, la coupe est décidément pleine.Outre l’affaire d’un concert livré en Europe pour venir en aide aux enfants Luambo, ce que ces derniers avaient eu à denier.L’occasion, de l’avis de certains collaborateurs de Simaro, est trop bonne pour ne pas se débarrasser définitivement de Madilu. La révocation du chanteur est alors proposée. Mais Lutumba préfère attendre pour décider en toute sérénité. Quand il se prononce enfin, c’est pour une mesure de suspension.Refus du cadeau empoisonnéPendant que Madilu purge sa peine, il vient à Marie- Louise Akangana l’idée de destituer Lutumba Simaro à la présidence du TP OK Jazz pour le remplacer par Josky Kiambukuta jusque-là adjoint du « Poète ».Des réunions-marathon se tiennent rue Bosobolo à Kasa-Vubu. Des musiciens fidèles à Lutumba Simaro le jour s’y retrouvent la nuit.Mais, les murs ayant des oreilles, la conspiration transpire. Manzenza Nsala mu Nsala ex-manager du trio Madjesi (Sosoliso) et Public relations de Franco, est dans le coup.Quand, enfin, Marie- Louise Akangana décide de lâcher la bombe dans une lettre sulfureuse à Simaro.Masiya, Josky Kiambukuta et le guitariste Gerry Dualungana, que nous rencontrons fortuitement nous préviennent : « Dites à Manzenza que s’il veut tuer le TP OK Jazz, il a déjà réussi son coup ».La création de l’orchestre Bana OkQuelques jours après, au bar Mère Kunsala, quartier Bon Marché, à Barumbu, à minuit, Lutumba Simaro qui jouait jusque-là avec Josky, Ndombe, Lokombe, Makosso et les autres sous la bannière du TP OK Jazz, annonçait la création de l’orchestre Bana Ok.Marie-Louise Akangana venait de rater son coup. Simaro avait emmené à sa suite tout le groupe, ne laissant derrière lui que trois musiciens, dont le guitariste Porthos, les chanteurs Fukiau et Bulite.Malou offrit alors à Madilu System -qui n’était pas le bienvenu chez les Bana Ok pour les raisons ci-avant développées- de prendre la direction du T.P Ok Jazz.La décision à prendre est grave. Le Grand Ninja s’accorde des jours de réflexions, discute de la chose avec ses proches.Le fardeau TP OK Jazz est trop lourd, les chances de réussite, pas évidentes, bien au contraire, se dit Madilu, pour qui la réponse finalement est non. Mais, comment le dire à Marie-Louise Akangana ?L’astuceFace à Malou, Madilu donne son, accord de principe, à la condition que la Succession Luambo Makiadi mette à sa disposition un bar pour les concerts.Et un équipement musical pimpant neuf ainsi qu’une clé de répartition des recettes, la même que sous a gestion du « poète » Lutumba Simaro.Le bar « Un, Deux, Trois - Mama Kulutu » était bien là. Mais, la famille Luambo n’était pas en mesure de procurer au Grand Ninja le matériel de musique demandé.Porte de sortieAprès s’être ainsi « débarrassé » de Malou et les siens, Madilu pouvait désormais se consacrer à un projet qui lui triturait les méninges et dans lequel certains de ses proches l’encourageaient avec insistance : une carrière en solo avec, à toutes fins utiles, un groupe d’accompagnement. Il  franchit le Rubicon. L’orchestre Multi System était né.A son tour désemparée, Marie- Louise Akangana acceptera le chanteur Youlou Mabiala lui même ancien de l’OK Jazz venu prendre les rênes de ce groupe.Mais, le « Prince YM » se cassa spectaculairement les dents. Lui qui s’était proclamé à Muana Luambo (Fils de Franco) pour les besoins de la cause dut regagner Brazzaville sur la pointe des pieds.Dans ses bagages avec la dépouille du TP Ok Jazz, Marie- Hélène, fille Luambo devenue... sa moitié...



Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Africahit 4465 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog