Le chien est un mammifère domestique de la famille des canidés, proche du loup et du renard. Il est parfois arrivé qu’un légionnaire
confonde un chien avec une chèvre, mais uniquement en état d’ébriété et toujours avec le consentement de la bête. On ne peut donc pas en tirer de généralités.
Si l’on en croit cette définition généreusement proposée par les collègues de Wikipedia, la différence principale entre le chien et le loup serait donc son plus ou moins grand degré de
domestication. C’est ainsi que personne n’a jamais raconté à un bambin avide d’historiettes que le petit Chaperon rouge s’était fait dévorer tout cru par son chien. Peut-être de crainte de devoir
abandonner, séance tenante, le fidèle Médor dans la forêt de niaoulis la plus proche ?
C’est là que le bât blesse, comme
nous n’allons pas tarder à nous en rendre compte.
Il existe de nombreuses races de chien. Rien qu’à Maré, trois espèces cohabitent, en plus ou moins bonne intelligence
:
- Ceux de la forêt, qui errent, décharnés, en aboyant le long des routes.
- Ceux des tribus, qui errent, décharnés, en aboyant dans les tribus.
- Ceux de mes voisins, qui errent, décharnés, en aboyant sous mes fenêtres. Surtout la nuit, et en meute.
Le chien jappe, aboie ou fait chier. Souvent les trois à la fois, d’ailleurs.
Maré, en effet, est le paradis des chienchiens sur terre, qui ont tout loisir pour se reproduire librement dans la joie et la bonne humeur canine. Les accouplements sont fréquents, parfois sous les yeux des enfants et sans le consentement des familles, et l’usage du préservatif est plus qu’occasionnel. Pour parler franchement, les moyens de contraception sont le plus souvent négligés. Le chien étant ici, comme beaucoup d’autres choses, la propriété de tout le monde et de personne à la fois, aucun risque qu’un quelconque maître attitré ne conduise sa bête préférée au dispensaire, lors des – rares – programmes de stérilisation (gratuite) mis à disposition de la population. C’est toujours ça de préservé chez nos chers toutous que l’ennemi n’aura pas !
Le molosse maréen se reproduit donc à une cadence proche de celle du lapin, qui, lui, n’existe pas sur l’île. Cela est fort regrettable, à mon sens, le lapin ayant pour lui deux qualités que ne possède pas son homologue cabot : le goût en civet et la discrétion.
Quelles que soient les qualités du plus fidèle ami de l’homme (après la femme), force est de reconnaître que le chien nengone ne fait pas, en effet, dans la pondération. C’est plus fort que lui, il faut qu’il se plaigne. Bruyamment, pendant que la caravane passe. L’autochtone a beau rivaliser d’ingéniosité et user de maints artifices pour amadouer son fidèle compagnon à cinq pattes (coups de bâton, de pied ou de pierres distribués gracieusement et sans compter), le canidé local ne fait pas beaucoup d’effort pour se rendre attachant. Il reste constamment vindicatif, surtout lorsque les poubelles qu’il vient d’éventrer se révèlent insuffisantes à satisfaire son insatiable appétit d’ogre féroce. Il attaque alors sans vergogne les mollets des marcheurs, coureurs et autres cyclistes lors de manœuvres bassement sournoises qui font ressembler une banale balade à la plage de Yedjele en une opération survie dans les bas-fonds des quartiers Est de Nizza la Bella. Certains s’y risquent même avec une poignée de poivre dans la pogne. Ce n’est pas pratique, surtout pour saluer les copains. Et il faut bien faire attention au sens du vent lorsque l’on se fait mordre.