Mathieu Flonneau attire notre attention sur ce qu’il appelle « l’épaisseur culturelle » de l’automobile, une épaisseur traduisant l’intérêt qu’ont porté aux voitures les artistes dans leurs œuvres musicales, littéraires, cinématographiques. Non, la voiture n’est pas juste utile — pour l’utilisateur ou pour l’environnement. Il y a dans le rapport de l’automobiliste à l’automobile une dimension affective qui échappe tant aux obsédés de la technologie qu’aux fanatiques de l’écologie.
Comment expliquer ce que Mathieu Flonneau présente comme le désamour des Français pour l’automobile ? Selon lui, il faut remonter aux années 1970, donc à la fin des trente glorieuses. Les Français ont alors, dit Flonneau, « commencé à refouler tous leurs motifs de fierté », et ce changement s’est répercuté sur l’automobile. La condamnation était essentiellement d’ordre idéologique : malgré la démocratisation du marché en effet, de nouveaux écarts de classe se sont créées entre les véhicules, faisant correspondre aux riches les voitures de riches et aux pauvres les voitures de pauvres.
Après quoi, toujours selon lui, les Français ont commencé à s’inquiéter pour l’environnement et se méfier de l’automobile, devenue complice de la pollution à grande échelle. C’est, encore une fois, la mauvaise conscience qui, selon Mathieu Flonneau, se cacherait derrière ces nouvelles préoccupations. Les voitures vertes ne sont pas pour autant une réponse pertinente au problème : elles ne seront pas abordables avant plusieurs années et leur fabrication n’est pas aussi écologique qu’on le croit.
En somme, si l’on en croit Flonneau, les Français boudent l’automobile, mais ont-ils une alternative ?