Suite(s) impériale(s) de Bret Easton Ellis

Par Fromtheavenue


Après Moins que zéro, j'ai enchaîné avec le dernier roman de Bret Easton Ellis. Si vous n'avez pas lu le 1er, ce n'est pas grave, rappels des personnages, du décor, de l'histoire. Mais forcément on y perd un peu.
Los Angeles, 25 après. Clay est de retour en tant que producteur d'un nouveau film où il doit participer à un casting. Rencontre de Rain, une jeune actrice en perte de vitesse qui compte bien profiter de lui (ou inversement ?) pour obtenir un rôle.
L'idée de retrouver ses personnages, l'écrivain l'a eu dès 2005, après la sortie de son livre Lunar Park :
A Los Angeles, j'ai revu un tas d'amis, parmi lesquels ceux qui m'ont servi de base pour les personnages de Moins que zéro : à présent, certains sont mariés, ont des enfants, certains autres ne se sont jamais sortis des délires des années 80 et sont foutus. Je me demandais ce que seraient devenus Clay ou Blair, les personnage du roman...
Suite(s) impériale(s) n'est pas un Moins que zéro 2. L'époque a changé, les personnages aussi. C'est un roman où la satire a disparue au profit de la noirceur. Clay, le personnage principal continue d'aller de soirée en soirée, mais cette fois, une petite intrigue mène la cadence. Clay se sent observé, reçoit des textos d'une personne inconnue qui l'épie jour comme de nuit. En sortant avec une jeune actrice, il entre malgré lui dans un drôle de jeu, un rapport de forces avec et/ou contre ses anciens amis. Dont certains lui ont tournés le dos, d'autres reviennent. Trahison, tension, manipulation, meurtres, enjeux financiers sont au programme.
Entre le thriller et roman noir, l'écrivain nous livre une suite plus sombre et désenchantée.
Là encore, il m'est difficile d'expliquer pourquoi j'ai aimé cette suite alors que l'histoire en elle-même peut paraître "facile" et déjà vue. Tout comme Moins que zéro, pleins de choses ont du m'échapper, tant ce roman est riche en double sens sous les apparences et les préoccupations futiles et nombrilistes des protagonistes.
Une certaine frustration chez le lecteur qui n'a de réponses aux questions que les personnages se posent que de façon détournée et encore. Clay apparaît encore plus égoïste, froid et indifférent aux situations et à son entourage que 25 ans plus tôt. Pourtant, Bret Easton Ellis m'a cloué le bec dans son dernier paragraphe, avec sa dernière phrase terrifiante. Une fin qui mérite à elle seule de relire ces deux romans qui hanteront certains pendant longtemps.