Inutile pour moi de vous faire un dessin. Tout le monde aujourd'hui connait le phénoménal The Roots, groupe de hip hop américain basé à Philadelphie et officiant depuis plus de
15 ans dans le milieu. Depuis "Organix" en 93 (1er opus alors vendu exclusivement durant leur concert), la formation n'a pas cessé d'asseoir sa solide réputation de musiciens rappeurs hors-pairs
en se basant essentiellement sur un savoir-faire rigoureux et une créativité singulière. Leur son unique est reconnaissable d'entre tous et diffère des exigences d'autres groupes de rap plus
"classique" par sa richesse de samples non conventionnels et sa maturité créatrice. Loin de vouloir ressembler à.. ou sonner comme..., The Roots s'affirme désormais comme Le modèle unique d'une
inspiration sans faille et distille ses productions méchantes et funky sans prêter garde au quand dira-t'on des ouailles sans inspiration du milieu ou aux sourds de naissance incapables de
reconnaitre une musique de qualité poussant plus loin qu'un simple "poum-tchack" creux et sans intérêt affublé d'un texte d'adolescent sans talent (à vous de voir de qui je veux parler mais la
liste est longue aux Etats-Unis, et en France, n'en parlons pas).
"Game Theory" est leur 7e essai. Il fait suite à "The Tipping Point", un disque qui en aura déçu quelques-uns (moi j'ai adoré) et qui revenait à leur premier amour, à savoir un son brut de
décoffrage plutôt épuré (je parle des productions), et majoritairement axé sur une rythmique programmée façon MPC. Leur public s'étant très largement étoffé depuis "Do You Want More?!!!??!" de
1995 (un disque sans le moindre sample extérieur et composé à partir d'échantillons de leur propre musique), certains dont la culture hip hop n'est pas la leur n'auront sans doute pas tout
compris à ce déferlement de compressions lourdes, travaillé dans l'unique but de faire secouer les têtes des auditeurs façon gangster du ghetto (je vous en parlerai prochainement et je réitère
mon propos. Grand disque).
"Game Theory" reprend donc plus "traditionnellement" la marque de fabrique du crew et rassemblera sans problème les fans de rock comme de soul ou de funk. C'est d'ailleurs leur plus grande force
et un de leur atout majeur. The Roots, avec un indéniable talent de maître hip hoppeur, parvient à cristalliser un public varié et nombreux venu d'horizons et de cultures différentes. Leur
approche très musicale du hip hop réunit des ingrédients sophistiqués piochés dans tous les courants musicaux. Le groove omniprésent et le souci d'un "beat" novateur reste leur principal
leitmotiv. Pour ça, "Game Theory" ne me démentira pas et s'en sort, comme d'habitude, de bien belle manière.
Je pourrais maintenant vous parler des titres, user de qualificatifs pour vous donner l'envie de l'écouter et pourquoi pas de l'acheter (si ce n'est déjà fait). Pourtant, le mieux est encore
d'écouter ce dont sont capables ces gars. Je vous laisse donc 4 titres à faire tourner en boucle. Des titres parlants que j'ai choisis avec peine car ils sont tous bons. Au fait, en passant, pour
l'anecdote, après avoir été gentiment convié à suivre une cure de désintox avant de réintégrer le groupe, Malik B signe ici son retour au sein de l'écurie en posant sur 3 titres de l'album ("Game
Theory" - "Here I Come" - "In The Music"), premier disque signé chez Def Jam, le label de Jay Z. Je vous laisse à présent profiter de cet instant de rue. Vous m'en direz des
nouvelles.