La mobilisation ne faiblit pas
Dans le combat engagé contre le pouvoir, la mobilisation ne faiblit pas. Au delà du nombre de grévistes ou de manifestants qui demeure impressionnant dans un pays où le Président se vantait de la quasi-inexistence des grèves en déclarant "Désormais, quand il ya une grève, personne ne s'en aperçoit". Si il y a surtout un phénomène nouveau : des milliers de gens qui n'étaient pas engagés ces dernières semaines rejoignent le mouvement. La jeunesse bien sûr et de plus en plus massivement, mais pas seulement, on voit par exemple des salariés pauvres qu'on ne voit pas habituellement et des gens des quartiers populaires qui n'ont pas coutume de participer à des manifestations. Certes les manifestations ne sont pas passées de 3 millions à 15 millions de participants mais indéniablement des gens nouveaux participent. On peut même affirmer que certains qui participaient la semaine dernière ont été remplacés par d'autres qui reviendront certainement car la colère est immense, mais qui par exemple ont décidé de faire grève de façon perlée, d'autres de façon continue. Il y a un phénomène sans doute jamais vu dans la lutte qui présente une grande diversité des situations et des comportements des individus. De telle sorte que cela échappe à la fois à la compréhension du pouvoir et très certainement aussi à celle des organisations syndicales. La qualité des conversations est aussi très intéressante. Il y a une diversité d'approches de la situation mais les discours convenus, les analyses toutes faites sont battues en brèche par des points de vue singuliers comme si ce mouvement social et populaire était porteur d'une intéressante autonomie critique des individus vis à vis des organisations et du pouvoir. J'ai pu constater en discutant dans les manifs avec des personnes que je ne connaissais pas de leur volonté très forte d'en finir avec le capitalisme, de préparer un mouvement politique d'ampleur en dehors des partis traditionnels et de développer des actions diversifiées comme dans une guerre d'épuisement de l'adversaire pour l'abattre le moment venu par une riposte encore plus massive et préparée. Pour l'instant ils sont en recherche d'initiatives qui leur permettent de se retrouver et d'agir sans être embriguadés surtout. Ils regrettent souvent de ne pas être consultés par les directions syndicales. Par exemple aujourd'hui, beaucoup ont regretté qu'il n'y ait pas eu un appel à une assemblée générale interprofessionnelle après la manifestation de Montataire. A propos de la diversité des actions je publie ci-dessous des photos des camarades cheminots CGT de Creil qui ont donné un coup de main aux routiers CFDT pour le blocage de l'entreprise KEOLIS à Senlis. Ce blocage a été un réussite, aucun bus n'a quitté le dépôt.