La reine des abeilles est sous acide.

Dans la chaîne alimentaire de la mode survivent plusieurs degrés avec différentes dénominations. De la out-girl à la it-girl wannabe, future it-girl tout court, en passant par la lanceuse de tendance ou la reine intouchable, nos chères demoiselles sont bien répertoriées comme les livres à la bibliothèque nationale (non pas que l'on trouve ça cool, mais ça a le mérite d'être franchement hilarant !). Tout en haut de la pyramide, il y a bien évidemment les méchantes rédactrices qui dictent la « totale », mais il y en a une qui sort du lot. Une reine qui ne peut être contestée parce qu'admirée. La reine d'une rébellion couture qui ne se verra jamais détrônée, alias Chloë Sevigny.Madame Sevigny est l'exception d'un royaume à la hiérarchie bien organisée : tantôt actrice ultra underground et trashy, tantôt icône mode aux pouvoirs de séduction superpuissants, la dame peut se targuer de faire couler de l'encre. Mais pourquoi Chloë intrigue-t-elle tant ? Que ce soit toute une génération qui l'idolâtre pour son style, ou les nouvelles pseudo-actrices fraîchement débarquées à Hollywood qui envient sa carrière, ou même la « presse-déchets » genre Public qui lui crache dessus à chaque nouveau look, Chloë ne laisse personne indifférent. Tu m'étonnes, Yvonne ! La petite a de la ressource. Elle choisit ses rôles en restant toujours dans le plus pointu, le plus artistique ; c'est le genre de fille qui ne se laissera jamais tenter par une superproduction, ce qui lui donne une valeur ajoutée trendy inégalée. Quand elle collabore avec un concept store comme Opening ceremony, sa collection se fait unisex et ultra dandy. Un mix des genres qui convient à tout le monde et qui donne l'accessibilité à une gamme vraiment différente, où son empreinte est ultra racée, comme si Rick Owens avait habillé la ménagère lambda. Parce que c'est ça Chloë, vous voyez, c'est une fille cool qui ne se prend pas le bourrichon et dont on a l'impression qu'elle a envie de dire: « C'est bon ! Relax ! La mode est à tout le monde ! Il faut juste un petit peu oser » (on la voit bien dire ça). Il y de ça avec Chloë. Mais son côté rebelle prend toujours le dessus : des prises de risque à n'en plus finir, toujours à la limite (ce qui doit en énerver plus d'une). Quoi qu'elle fasse, elle a toujours un train d'avance qui la rend hors normes. Ça sent souvent la raillerie, mais ça s'apparente plus à de la jalousie qu'à autre chose. En plus, il faut le dire, Madame Sevigny a les atouts du pouvoir : jambes interminables, cambrure classée X, corps de sirène et sens de la pudeur au niveau zéro, Chloë n'a peur de rien. Elle montre son « frifri » et taille des pipes plein écran comme on va chercher le pain un dimanche matin. Alors c'est sûr, on ne peut qu'envier cette aise avec une certaine admiration. Avec ses yeux « bazooka », Chloë sent la fesse et c'est bien connu, le sexe ça fait vendre. Pire, ça intrigue, ça invite au mystère. Comment peut-on être autant en phase avec un sujet encore si tabou, tel que son propre corps et les complexes qui vont avec ? Du coup, c'est certain qu'elle devient cette reine iconique du style incontestée que nombre de femmes envient. Une reine un peu « fofolle », qui aurait pris légèrement trop d'acide, mais quand même une impératrice d'un autre monde qui ne surfe pas sur la tendance, qui s'est exclue de la traditionnelle pyramide de la mode pour ne suivre que ce qu'elle a dans les tripes. Même ses maris sont des « It » de la fine fleur des artistes les plus loufoques de la scène américaine : Harmony Korine ou Matthew MacAuley, pour ne citer qu'eux, tandis que le reste du monde est à ses pieds... Couture, underground, icône, Chloë Sevigny n'en finit plus d'être celle qui est la plus cool. Si on la rencontre un jour, on aurait envie de lui dire de but en blanc : « Are you real? » Il paraît qu'elle veut faire un bébé en ce moment ; on connaît deux ou trois garçons sensibles à la rédaction qui sont prêts à donner leur semence sans aucune condition.Bien à vous.