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La Casa Muda sonne bon l’expérience, le frisson et la nouveauté : il s’agit, en effet, du premier film de genre tourné en un seul plan séquence de 79 minutes, à l’aide d’un appareil photo caméra. Venu tout droit de l’Uruguay (dont on ne connaît pas grand-chose cinématographiquement hormis les sorties discrètes de Whisky et Les Toilettes du pape), La Casa Muda pousse le bouchon plus loin encore, en basant toute son intrigue sur un lieu unique (la maison titre), trois personnages, et une traque atmosphérique- éclairée aux lanternes. A l’heure où Balaguero et ses confrères espagnols réinventent à eux seuls les notions d’horreur et de peur, Hernandez s’offre un challenge de taille : l’effroi en temps réel, avec peu de moyen et beaucoup d’audace. Sauf que. S’il impressionne par son jeu oppressant d’ombres et de lumières, le film manque clairement de rythme, et n’offre que peu d’occasions de partager les émotions de l’héroïne tant le personnage est peu fournie, figé dans son débardeur tâché de sang. La caméra, en œil omniprésent, se fait trop visible, transformant l’angoisse en exercice de style, et, les ficelles- trop apparentes- annihilent alors tous les enjeux : l’ambiance claustrophobe, la peur du noir et de tout ce qui, tapi dans les recoins, surgit de l’obscurité. Etirée au possible, l’œuvre se fait alors plus conceptuelle que terrifiante, soignant son ouverture (et sa bande son) mais ratant honteusement sa fin, dans un rebondissement étonnamment peu subtil, voir limite embarrassant.