Oui, donc, je disais, Monsieur Pascal Chaumeil est un arnaqueur. Un manipulateur. Encore pire que son personnage, Alex.
Je ne sais pas pour toi, mais moi, je suis tombée dans le panneau direct. A la fin du film, j'avais l'impression d'être la nunuche dans le désert qui se fait avoir par Romain Duris, "merci, tout simplement, merci".
Ouais sauf que... je l'ai démasqué le Pascal Chaumeil! Faudrait voir à pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages!
Je démonte le stratagème? Allez, je démonte.
Ficelle n° 1 : prendre deux acteurs trentenaires et célèbres pour jouer les protagonistes. Romain Duris, tombeur de ces dames, le rebelle pas forcément beau mais qui a un charme fou et du chien. Vanessa Paradis, celle que beaucoup de nanas de 30 ans et plus envient depuis son Joe le Taxi, mais surtout, surtout, parce qu'on aimerait bien toutes être à sa place pour se taper Johnny Depp. Voilà c'est dit! Alors, tu penses bien, tu mets les deux ensemble, c'est de la brochette de guimauve au-dessus d'un feu de bois, tu fonds direct.
Ficelle n° 2 : en plus, ils sont gentils tous les deux, lui il fait juste son job et elle, riche héritière, n'a même pas une tête à claque, elle est douce, belle, irréprochable. Fais chier.
Ficelle n°3 : Monaco!! Pas seulement pour le côté riche héritière, hein, mais parce que Monsieur Pascal Chaumeil sait qu'il faut faire un peu rêver les dames qui ne disent jamais non à un peu de luxe et de raffinement. Et cerise sur le gâteau : le message subliminal. Parce que toi, là, qui est une femme et qui a la trentaine, ça te rappelle quoi, Monaco? Ça te rappelle la Princesse Stéphanie qui nous saoulait avec son ouragan dans les années 80. Ça te saoulait, oui, mais avoue que tu avais enregistré cette chanson quand elle passait sur les ondes avec ton vieux radio-cassette! Et que sa royale-attitude te laissait songeuse, toi qui croyais encore au prince charmant.
Ficelle n° 4 : les références culturelles hautement intellectuelles. Parce que, toi aussi, dans les années 80, tu étais une gamine, tu aimais George Michael et tu connaissais tes premières émotions amoureuses en regardant Dirty Dancing. Alors là, je dois avouer, Pascal Chaumeil a mis la barre très haut avec Dirty Dancing, difficile de trouver mieux pour faire ressurgir la midinette qui sommeille en toi.
Ficelle n° 5 : Happy end, c'est beau comme chez Disney, tu pleures, tu peux pas lutter.
And last but not least, ficelle n° 6 : le générique de fin! Histoire de bien en rajouter, monsieur Pascal Chaumeil te balance le bon vieux Joker de Steve Miller Band, que tu connais PAR COEUR parce que tu avais adoré la pub Levi's. Si ça, c'est pas de la stratégie pour gagner ton coeur à tout jamais!
Dites-donc, mon petit Pascal, vous n'avez pas honte, quand même de faire le joli coeur, comme ça, avec les petites dames trentenaires que nous sommes? Parce que, c'est pas pour dire, mais vous avez fait un peu dans la facilité quand même. Ce qui est frustrant c'est que vous parvenez à vos fins, le film est bien ficelé, plein d'humour et de rebondissements, je savais dès le départ que j'allais tomber dans le panneau et je n'ai même pas essayé de résister. Pourtant, les comédies sentimentales c'est pas mon truc, d'habitude... Et, vexage (néologisme) suprême, Jules a bien aimé lui aussi, oui Jules, qui ne jure que par Fritz Lang et Wim Wenders.
Chapeau bas, Monsieur Chaumeil, l'Arnacoeur n'est pas ce que j'appelle un grand film, mais assurément un bon film.